• Hum...

    Chapitre 11!

    Malgré mon inactivité de ces derniers temps je suis encore là (enfin plus ou moins)! Je vais essayer de publier un peu plus mais je ne promets rien (comme d'habitude)

    Enjoy!


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  • Boue poussa la porte des appartements du Prince, un pli de mauvaise humeur barrant son front. Assis dans un fauteuil, une jambe par dessus l'accoudoir, il leva les yeux de son livre avec un air inquiet :

    -Qu'est ce que j'ai encore fait ?

     Boue lui lança un regard assassin :

     -A part m'envoyer courir après un conseiller qui est parti il y a deux semaines, chercher un livre que vous avez déjà et délivrer votre courrier très personnel, vous voulez dire ?

    Il eut la bonne grâce de paraître gêné et resta un instant silencieux avant d'agiter son livre :

     -Les Histoires du Monde. Voulez vous que je vous lise le passage dont nous parlions ?

     Boue fit la moue avant de soupirer :

     -Maintenant que je suis là.

     Elle s'adossa au mur, près de la fenêtre et croisa les bras. Le prince rouvrit son livre, cherchant la page et s'installa plus confortablement avant de commencer sa lecture :

     -La cité-état de Lish est rapportée comme étant la première à avoir possédé un corps d'armée spécial et très indépendant nommé Erissen. Les Erissen sont un peuple originaire du Désert entourant la cité et ne dépendent d'aucun état connu. Réputés voyageurs, les hommes et les femmes du désert le parcours depuis leur naissance, ce qui leur donne un lien particulier avec ce dernier. Capable de retrouver leur chemin même au milieu d'une tempête , insensibles aux poisons des diverses fleurs poussant sous le sables, ils n'ont que de contact avec le monde extérieur. Des légendes courent sur quelques personnages très particuliers de ce peuple, maitrisant le vent, les tempêtes, ou le sable lui même. Les Erissens sont présumés dépendre du désert pour leur survie, ne pouvant le quitter plus de quelques mois et ne pouvant mourir ni ailleurs, ni dessus.

     Le Prince leva les yeux vers Boue. Elle avait les yeux dans le vague, écoutant son discours avec attention. Ses cheveux étaient seulement tressés ce matin là, tombant dans son dos en une longue tresse brune. Des mèches s'étaient échappées et encadraient son visage songeur. Elle avait un air tranquille, presque apaisé si l'on oubliait ses mains crispés et les cicatrices sur ses doigts et bien sur la grande ligne rose qui barrait sa joue. Une femme étrange. Elle tourna le regard vers lui et haussa les sourcils, un petit sourire aux lèvres :

     -Ce n'est pas logique. Comment peuvent-ils ne pas pouvoir mourir ni en dehors du désert, ni dedans ?

     Le Prince sourit :

    -ça fait parti de la légende. Même à Lish on ne sait pas grand chose de plus.

    -Je croyais qu'ils étaient dans l'armée ?

    -Plus ou moins. D'après ce que j'ai entendu dire ils sont beaucoup moins indépendants maintenant, depuis la mort de leur chef. Mais avant il était impossible de les embaucher, de les payer pour faire quoi que ce soit. Ils ne faisaient que ce qu'ils voulaient et même leur chef n'était qu'un... guide en quelque sorte. Mais c'était il y a longtemps.


    -Que s'est-il passé ?

    Boue avait les yeux brillants de curiosité et il eut un sourire amusé :

    -Leur chef est mort, se dépérissant d'amour selon la légende.

    Boue eut une moue dubitative mais ne fit aucun commentaire. Le Prince reprit sa lecture :

    -Le corps des éclaireurs Atlante est directement inspiré de ce peuple. La légende veut que l'Empereur Adirin le Grand, impressionné par la puissance de ces soldats demanda la création d'une force d'élite, capable de se confronter à ces Erissen et d'en ressortir indemne. Ses conseillers militaires réunirent les meilleurs soldats de toute l'armée, d'anciens rebelles du Nord et de l'Est à qui ils promirent l'anmistie s'ils formaient de jeunes soldats à l'art de la guerre. Personne ne sait si ces hommes ont survécu pour profiter de cette offre, mais le corps des éclaireurs est maintenant considéré comme le plus puissant de toutes les armées voisines de celles de l'Empire.

    Boue avait froncé les sourcils, agacée par un souvenir qu'elle n'arrivait pas à replacer. Le Prince la regarda d'un air inquiet :

    -ça va ? Vous semblez troublée.

    Elle haussa les épaules :

    -Ce n'est rien.

    Elle tourna un regard acéré vers le Prince qui s'était levé pour reposer le livre sur une pile déjà haute :

    -Vous ne prouvez absolument rien avec ce texte.

    -Comment ça ? Il est clairement dit que les Eclaireurs ont été créés d'après les Erissens.

    -Ils se sont inspirés des Erissens, mais il n'y aucun lien de plus. Les Erissens sont un peuple indépendant, les éclaireurs ne sont qu'un corps d'armée formé de personnes venant de tout l'Empire. Nous n'avons aucun pouvoir magique.

    Kahn sourit à demi :

    -Pourtant certaines légendes courent sur Avalon...

    Boue ignora l'allusion. Depuis trois semaines il essayait de lui faire avouer ce qu'elle savait sur le siège de la ville et jusqu'ici n'avait pas réussi. Mais Boue doutait qu'il ignora quoi que ce soit dans l'Empire. Cet homme était diabolique.

    -Dites moi, n'avez vous pas vu ma belle Ilienne ce matin ?

    Boue lui lança un regard assassin :

    -Vous me posez sérieusement la question ?

    -Je suis toujours sérieux.

    -C'est bien ce que je craignais.

    -Alors ?
    -Eh bien non, je n'ai pas croisé votre amante depuis hier soir quand elle vous a rejoint. Pourquoi ? Vous manque-t-elle déjà ?

    Il grimaça :

    -Elle n'est pas restée hier soir. Nous avons eu un petit différent.

    -Vous n'êtes pas en train de me parler de vos histoires de cœur j'espère.

    -Savez vous qu'elle me reproche de passer trop de temps en votre compagnie ?

    Boue éclata de rire :

    -Vous n'êtes pas sérieux.

    Le Prince se rassit, amusé :

    -Très sérieux. Elle m'a dit que j'étais incapable de passer plus de deux heures d'affilé en compagnie d'une femme sans avoir envie de me... hum... rapprocher d'elle et que je parvenais toujours à mes fins.

    Boue leva les yeux au ciel :

    -D'où votre différent. Elle ne vous a pas cru quand vous lui avez dit la vérité ?

    -Hélas non. J'aurais dû essayer de lui dire le contraire, peut-être aurait-elle apprécié ?

    Boue le dévisagea d'un air peu amène et il éclata de rire :

    -Ne vous en faites pas, rien que l'idée de m'attirer vos foudres m'empêcherait de poursuivre une telle action.

    -Mais vous cherchez quand même à la revoir ?

    Il eut l'air étonné :

    -Moi ? Bien sur que non, elle est ennuyeuse à mourir. Non je voulais savoir si elle vous en voulait toujours autant ou si elle avait finit par comprendre.

    -Si je meurs empoisonnée, je n'aurais pas chercher l'origine c'est ça ? Merci du cadeau.

    -Ah je viendrais sauver ma bien-aimée !

    Boue avala de travers :

    -... garde du corps ! Acheva-t-il précipitamment.

    -Vous êtes un homme désagréable, j'espère que vous vous en rendez compte.

    -Parce que je préfère séduire les femmes que les garder, je suis forcément désagréable?

    Boue eut un grognement et se redressa :

    -Je crois que je préfère encore monter la garde dehors.

    Elle se dirigea vers la porte mais il s'interposa en un bon souple et élégant :

    -Ne soyez donc pas si susceptible. Restez.

    Il eut un sourire, comme s'il ne pouvait s'empêcher d'ajouter :

    -Si vous sortez tout le monde croira que nous avons eut une querelle d'amoureux.

    Boue afficha une expression si meurtrière que le Prince eut un mouvement de recul, presque certain qu'elle allait le frapper.

    Elle en aurait été extrêmement envie, si ce n'était l'idée gênante qu'il avait probablement raison : la rumeur avait du s'enfler au point de la mettre dans le lit de l'homme irrésistible. Il la regardait d'un air interrogateur, attendant qu'elle lui fasse part de ses réflexions.

    -Vous pensez vraiment que la rumeur m'a mise dans votre lit ? Demanda-t-elle avec une grimace, s'attendant au pire.

    Il soupira en s'écartant, retournant près de la cheminée qui dispensait une agréable chaleur dans cette matinée de fin d'automne.

    -Vous n'y aviez pas réfléchi avant ? La rumeur court depuis plusieurs jours déjà. Depuis cet épisode dans les écuries.

    Boue se mordit les lèvres, ne se rappelant que trop bien le moment où le Prince l'avait écartée des sabots d'un cheval emballé, la façon dont ses mains s'étaient un peu trop attardées sur sa taille... et le regard sans équivoque des garçons d'écuries.

    -Vous en avez fait exprès j'imagine, fit Boue sans aucune rancoeur.

    Elle ne faisait que constater un fait auquel elle s'était rapidement habitué : malgré son apparente désinvolture le Prince ne faisait jamais rien au hasard. Et c'était un manipulateur hors pair.

    Il eut un grand sourire en se retournant vers elle :

    -Bien sur. C'est tellement plus drôle de vous avoir pour amante fictive qu'en simple garde du corps. Et puis cela nuirait à ma réputation si tout le monde savait comme vous restez de marbre face à mon charme.

    Boue leva les yeux au ciel et changea de sujet :

    -Vous ne deviez pas rencontrer vos conseillers ce matin ?

    -Si. Ils ne devraient d'ailleurs plus tarder.

    -Vous ne les recevez pas dans votre bureau ?

    -Si bien sur. D'ailleurs nous y allons. De quoi j'ai l'air ?

    -D'un homme sans chemise ?

    Il baissa les yeux, semblant seulement remarquer la tenue légère dans laquelle il se trouvait.

    -Vous ne pouviez pas le dire plus tôt !

    Il se précipita vers une porte dissimulée dans les boiseries et l'ouvrit brusquement pénétrant dans sa chambre à grands pas :

    -Venez m'aider à choisir ! Appela-t-il, Je n'y arriverais jamais en si peu de temps.

    -Vous êtes le Prince, lui rappela-t-elle en s'approchant de la porte, Vous n'avez pas besoin de vous presser !

    Il apparut de derrière une porte de placard, un veste bleu sombre à manches longues et une chemise blanche à col haut à moitié enfilée :

    -Vous n'y connaissez vraiment rien, n'est ce pas ?

    Boue se renfrogna, légèrement vexée.

    -Ces hommes sont pires que des mercenaires ! Si je ne suis pas à la hauteur ils iront vendre leurs services ailleurs ! Nous serions alors obligés d'employer les grands moyens pour ne pas qu'ils aillent vendre les secrets du palais au plus offrant.

    Boue soupira et s'appuya au chambranle de la porte, croisant les jambes.

    -Dans ce cas vous devriez vous dépêcher, fit-elle d'une voix moqueuse.

    Il lui renvoya un regard noir et, posant la veste sur une chaise, entreprit de mettre correctement sa chemise. Puis il enfila rapidement sa veste et la boutonna en revenant vers Boue :

    -ça ira ?

    Boue eut un petit sourire :

    -Vous feriez mieux d'attacher vos cheveux si vous ne les coiffez pas.

    Il soupira et attrapant un ruban argenté le lui tendit :

    -Tressez les pendant que je finis de boutonner cette maudite veste.

    Boue obéit, tressant avec la rapidité de l'habitude les beaux cheveux blonds du Prince.

    -C'est bon, fit-elle en finissant de nouer le ruban.

    Il se retourna vers elle et lui sourit un instant. Elle ne put s'empêcher d'y répondre et aurait juré que s'ils n'étaient pas déjà si en retard, la rumeur aurait trouvé quelques fondements. Elle fut soulagée de le voir se détourner pour marcher à grands pas vers la sortie. Elle le dépassa pour lui ouvrir la porte et il s'avança dans le couloir si rapidement que Boue dû presque courir pour le rattraper. Elle se rendit compte qu'il n'avait pas cessé de parler et dû faire un effort de réflexion pour comprendre de quoi il retournait :

    -...tellement susceptibles que j'ai parfois l'impression d'être à leur service plutôt que eux au miens. Cela m'oblige à le leur rappeler et j'ai horreur de ça.

    Mais à voir l'expression de joie moqueuse qui s'affichait sur son visage Boue douta de cette affirmation.

    Ils arrivaient devant le bureau. Une porte de bois teint d'une couleur bleutée avec une poignée en feuille. Le Prince la déverrouilla et entra, laissant Boue refermer derrière elle. Elle alluma quelques bougies supplémentaires et raviva le feu tandis que le Prince s'installait à son bureau avec précipitation, éparpillant des papiers d'un air affairé. On frappa à la porte. Boue se détacha de l'agréable chaleur de la cheminée pour aller ouvrir. Trois hommes se tenaient devant elle, l'air suffisant. D'âge moyen, ils étaient vêtus de pantalons moulants montant jusqu'à la poitrine surmontés de chemises bouffantes, brodés de motifs aux couleurs vives plus ou moins abstraits. Des vestes de tissus rouge sans manche et des souliers à boucles luisants complétaient cette tenue. La veste longue et bleue du Prince semblait étrange en comparaison. Elle les toisa quelques secondes avant de s'écarter pour les laisser entrer. Ils ne lui accordèrent pas un regard en la dépassant et elle referma silencieusement la porte derrière eux. Ils avancèrent jusqu'au bureau et s'inclinèrent très bas sous le regard perçant du Prince qui souriait toujours. C'était étonnamment effrayant.

    -Conseillers.

    Les trois hommes s'entre-regardèrent, mal-à-l'aise devant le manque de volubilité de leur seigneur. Le plus âgé s'avança légèrement et s'éclaircit la gorge. Brun, les cheveux courts lissés en arrière, il était grand et sec. Son visage sévère était plissé en un froncement mécontent.:

    -Hum... votre impériale majesté, commença-il, j'ai ici des rapports inquiétants sur les seigneurs de l'Est. Ils s'insurgent de l'augmentation des impôts de cette année. Ils disent qu'ils ont déjà suffisamment payé des guerres qui ne les concernent pas.

    -Rappelez leur que tout ce qui concerne l'Empire les concerne. Utilisez les formules de menaces habituelles et faîtes leur bien comprendre que tout impayé aurait des conséquences désastreuses sur leurs vies tranquilles.

    Le plus jeune des trois hommes, un roux à la peau pâle et aux yeux verts, prenait rapidement des notes. Une aura d'efficacité l'entourait.

    -Nous avons également des nouvelles des pirates qui ont ravagé la côte Ouest, votre majesté, la flotte Ilienne les a abordés au large de leur Ile principale et nous a fait gracieusement parvenir la tête de leur chef.

    -Remerciez les en bonnes et dues formes et ajoutez une invitation à l'anniversaire Impérial. Ils ne l'accepteront pas, mais nous nous devons de proposer.

    -Nous avons des nouvelles des Dissidents.

    Le Prince se pencha en avant, soudain très intéressé.

    -Et ?

    -Nous craignons que le seigneur en question ne soit qu'un leurre. Nos agents sur place sont quasiment certain que ce n'est pas lui qui gère le mouvement.

    -Vous disiez que les messages provenaient de son château pourtant.

    -C'est ce que nos agents ont rapporté et ils en sont toujours persuadés. Mais le seigneur ne serait pas impliqué à un très haut niveau.

    -Bon. Continuez les recherches. Qu'en est-il de la piste du Palais même ?

    -Nous sommes encore loin, majesté. Les messagers que nous avons interceptés sont morts avant que nous n'ayons pu obtenir quoi que ce soit.

    -Et les messages ?

    -Intranscriptibles. L'eau en a gâché une grande partie et le reste est codé.

    Le Prince afficha une expression mécontente mais n'ajouta rien.

    -En revanche nos équipes dans la demi-ville semblent confiantes, fit le troisième homme sur un signe insistant du premier conseiller. Lish est peu présente dans cette région mais semble avoir beaucoup de relations avec les nomades.

    -Et comment va mon frère ?

    Le ton était froid et le premier conseiller hésita avant de répondre :

    -Aux dernières nouvelles il assistait à une rencontre avec les Erissen.

    Le Prince pinça les lèvres et hocha la tête.

    -Je vous remercie. Autre chose ?

    -Nos agents du Nord demandent s'ils doivent continuer les recherches pour les traitres. Ils n'ont rien trouvé depuis des années maintenant.

    -Non, ce n'est plus nécessaire. S'ils ne sont pas morts ils doivent être trop isolés pour poser problème. Faites les revenir au palais avant de les renvoyer en mission, je veux des retours en personne.

    -Bien majesté.

    Le Prince les dévisagea en silence, sans expression. Boue s'était adossée au mur, les bras croisé et observait la scène avec quelque amusement.

    -Vous n'avez rien à ajouter ? Finit par demander le Prince.

    Les deux conseillers ne levèrent pas les yeux quand le premier répondit :

    -Non votre majesté.

    -C'est bien dommage. Et vous Thomas ? Vous ne semblez pas être d'accord avec vos aînés.

    Le jeune homme eut droit à un regard mauvais des deux autres mais ne sembla pas s'en émouvoir.

    -La Chance a été vue il y a peu, et comme à son habitude des ravages ont suivi.

    -ça n'a pas grand intérêt pour sa majesté, fit sèchement le premier conseiller.

    -Au contraire, interrompit le Prince d'une voix froide, continuez je vous prie.

    -La bataille s'est déroulée il y a moins d'une semaine, dans une petite ville un peu plus bas sur la côte. Nous ne savons toujours pas ce qui a pu provoqué le combat, mais seuls trois gardes ont survécus de la garnison de soixante qui était postée là-bas.

    -Je n'apprécie pas le savoir si près de nous. Toujours aucune description de son aspect j'imagine ?

    -Non, majesté.

    -Avez-vous une idée de ses allégeances actuelles ?

    -Pour autant que je le sache, il vend son arme au plus offrant et je crains qu'en ce moment vos opposants n'aient ce privilège.

    Le Prince grimaça :

    -c'est facheux. Mais j'imagine qu'on ne pouvait pas l'empêcher. Il semble travailler pour tout le monde sauf l'Empire, c'est terriblement ennuyant.

    Le jeune homme eut la délicatesse de ne pas répondre, mais tout le monde connaissait la rumeur : la Chance n'aimait pas l'Impératrice et elle en était déçue.

    -Autre chose ?

    -Pas pour le moment votre majesté.

    -Bien, vous pouvez disposer. Quant à vous, ajouta-t-il en tourna un regard froid vers les deux autres, j'espère que vous ferez mieux dorénavant. Pour votre propre confort.

    Ils ne se le firent pas dire deux fois et après une courbette à se racler le nez sur le tapis ils sortirent, presque sans se bousculer.

    La porte une fois refermée Boue tourna les yeux vers le Prince et remarqua :

    -Vous avez une étrange manière de les maintenir dans vos bonnes grâces.

    Il haussa les épaules :

    -Je suis le Prince Consort. Ce n'est pas une bande de petits gratte-papiers qui va m'empêcher de faire ce que je veux.

    Boue leva les yeux au ciel :

    -Vous êtes d'une inconstance tellement prévisible que s'en est décevant. Pourquoi les garder s'ils sont si inutiles ?

    -Ils ne le sont pas. Ils ont juste besoin d'un peu de motivation.

    Il prit une pile de papiers laissée par un secrétaire un peu plus tôt dans la matinée et se mit à les examiner. Boue s'étira lentement et se perdit dans ses pensées.

    Rif avait encore fait des siennes. Il était étrange qu'elle n'entende pas parler de lui plus souvent. Elle avait parfois l'impression qu'il sortait de son trou uniquement pour s'assurer que sa réputation était toujours intacte.

    Elle n'entendit la voix du Prince que lorsqu'il répéta son nom d'une voix insistante :

    -Boue !

    -Hum ? Oh, pardon majesté.

    Elle eut un air gêné qui le fit sourire :

    -Je vous demandais ce qui pouvait bien vous absorber autant. Vous dormiez ?

    -Non, je réfléchissais.

    -A quoi donc ?

    Boue s'empêcha de jurer.

    -A... votre frère.

    Il s'assombrit.

    -Que voulez vous dire ?

    -Je me demandais pourquoi vous preniez tant à cœur le fait d'avoir des informations à son sujet. Vous semblez le détester bien au delà de ce que la rumeur raconte.

    -La rumeur est rarement vraie, comme vous avez pu le constater à vos dépends.
    Sa voix était légèrement sèche, mais il ne semblait pas en colère contre elle. Intriguée malgré elle, elle poussa un peu plus loin.

    -Vous semblez haïr l'Impératrice en sa présence et l'aimer malgré tout lorsqu'elle n'est pas là pour en témoigner. Vous semblez détester votre frère en public et malgré ça...

    -Vous êtes bien curieuse aujourd'hui.

    Sa voix avait fraîchi. Boue haussa les épaules :

    -Je ne vous demande rien. Je m'interrogeais en silence, vous avez voulu savoir le fond de mes pensées.

    Il eut un sourire un peu désabusé :

    -La plupart des gens mentent pour répondre à ce genre de question.

    A qui le disait il.

    -Vous n'êtes vraiment pas faite pour vivre à la cour, fit le Prince d'un air songeur, les gens ne cesseraient d'essayer de vous tuer et, n'y arrivant pas, ils essayeraient de vous corrompre.

    -Ce serait une vie fatigante, fit Boue en grimaçant, et salissante.

    Il éclata de rire et changea de sujet.

    -Que diriez-vous d'aller à la bibliothèque ? J'aimerais vous intéresser au Lishâ.


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