• Chapitre 3:

     

    Un an passa. Un jour le chef décida de les lâcher dans une forêt, avec pour seul mot d'ordre: rentrer vivant sur Ile.Chacun des élèves était vêtu de l’uniforme habituel plus une cape chaude, un couteau et de rien d'autre. Le chef leur avait clairement expliqué qu'ils devaient survivre à cette petite promenade pour pouvoir continuer. Il n'y aurait pas de repêchage. Littéralement.

    Ils partirent chacun leur tour à quelques minutes d'intervalles. Peu décidèrent de se presser et ils adoptèrent tous plus ou moins la même allure tranquille. Mais Lorsque Boue se rendit compte que Liu la suivait de près, elle se décida à courir, slalomant entre les arbres. L’autre essaya de la suivre mais il perdit sa trace, malgré ses immenses enjambées. Boue finit par s'arrêter. Elle entendait le bruit de l'eau courante. Elle avait soif, elle avait faim et la nuit commençait à tomber. Elle se dirigea vers l'eau, décidant qu'elle vérifierait sa position plus tard. Le court d'eau était en fait un ruisseau minuscule qui courait au milieu de l'herbe et des arbres. Elle trouva un petit bassin et gouta l'eau. Elle était fraiche et bonne. Elle y but longuement et n'ayant rien à manger, décida de remplir son estomac avec l'eau. Une fois repue elle chercha un arbre dont les branches basse faciliteraient son ascension. Elle en trouva un et commença à grimper. Arrivée en haut elle étudia le ciel, cherchant à se repérer. Elle eu beaucoup de mal, mais réussit finalement à voir la direction d'Île. Elle descendit et se mit en route.

    Ils avaient mit quatre jour pour venir à cheval. Le chef étant repartit avec, il allait falloir faire vite. Son estomac grondait et elle se mit à scruter le sol sombre de la forêt en quête de quelque chose de mangeable. Elle finit par tomber sur un tapis de vieux pignons de pin qu'elle se mit à fouiller. Elle un ramassa une assez grosse quantité qu'elle casa dans le bas de sa chemise et elle se mit à les manger tout en continuant de marcher. Elle savait que ça se serait pas suffisant à remplir son estomac et tenta de se souvenir de ce que les soldats leurs avaient appris : quand on ne peut pas chasser, ni tendre de piège qu'est ce qu'il reste ? Pignons et noix en tout genres. Ce n'était pas la saison et elle savait que si les pignons se conservaient au sol il y avait peu de chance qu'elle trouve des noisettes ou des noix. Glands. Les chênes proliféraient dans cette forêt, mais il lui faudrait faire un feu. Un feu attirait les gens et chassait les animaux. Mauvaise idée. Mais elle avait faim. Elle décida de ramasser les glands qu'elles trouverait. Elle aviserait plus tard. Quoi d'autre ? Racines. Elle avait toujours eut du mal à les reconnaître et elle savait qu'il ne fallait pas manger ce dont elle n'était pas sure.

    Champignons, pissenlits, orties.. Rien de très nourrissant et tout nécessitait un feu. Pourquoi ne pouvait elle jamais se rappeler des choses au bon moment ?

    Elle se rappelait enfin de sa liste de vocabulaire en langue de l'est. Très utiles en forêt dans la région d'Atlantide.

    Des œufs seraient un bon compromis, mais elle n'avait aucune idée de la façon de trouver un nid, surtout en pleine nuit.

    Fatiguée et tremblante de froid elle décida de s'arrêter pour dormir un peu. Elle trouva un creux de racine semblant confortable et s'y installa. Elle se couvrit de sa cape et ferma les yeux.

     

    -Debout.

    Elle se leva d'un bon et vit Carri appuyé contre l'arbre au pied duquel elle avait dormi.

    -Qu'est ce que tu veux ? Grogna-t-elle.

    -Tu connais la route pour rentrer ?

    -Plus ou moins. Pas toi ?

    Son ton était moqueur et il n'avait pas l'air d'apprécier.

    -Non.

    Elle fronça les sourcils :

    -Tu m'as suivie ?

    Il haussa les épaules :

    -Il faut savoir s'adapter.

    -Pourquoi tu m'as réveillée ?

    -Je commençais à m'ennuyer.

    Elle grogna :

    -Vas-t-en. T'es censé te débrouiller tout seul.

    Il haussa les épaules :

    -Toi aussi.

    -C'est ce que je fais.

    -Alors ce n'est pas ton ventre qui gargouille depuis des heures ?

    Boue grogna. Après un instant de silence elle demanda :

    -Tu as quelque chose à manger ?

    -A cuire. Mais on peut faire un petit feu et partir juste après. Mais il faudrait accélérer un peu. Tu es d'une lenteur...

    Finalement elle se débrouillerai seule.

    -Ferme la et va-t-en.

    Elle était très droite et son regard était froid. Carri se redressa, haussa les épaules et s'en alla en lâchant :

    -On se retrouve sur Ile. Si tu ne meures pas de faim avant.

    -Dégage !

    Il s'en alla et elle resta seule, grognon, affamée et énervée. Elle ramassa sa cape qui s'était détachée , s'enroula dedans et se remis en route. Elle regrettait un peu d'avoir chassé Carri : il avait beau être détestable, c'était toujours mieux que d'être toute seule. Et il avait à manger. Elle grogna et accéléra. Elle avait dormi quelques heures et la nuit était proche. Elle marcha longtemps même après la nuit tombée.

    Elle mit trois jour pour sortir de la forêt et encore trois autres pour rejoindre le bac qui la ramènerait dans l’Ile. Elle se signala au passeur, mais elle du attendre qu'un groupe d'éclaireur arrive avant qu'il n'accepte de traverser : il n'avait pas voulu se fatiguer pour une seule personne.

    Elle se glissa dans le camp et se dirigea vers le bureau où ils devaient signaler leur arrivée. Elle entra sans bruit et surprit le secrétaire quand elle parla.

    -J’aimerais que l’on m’inscrive comme rentrée.

    -Quelle compagnie ? demanda le petit homme en se remettant de la frayeur qu'elle venait de lui causer.

    -La dixième. Nous sommes en formation.

    -Ah oui, celle sortie faire des exercices, tu es la cinquième arrivée.

    Elle alla au dortoir, se demandant qui avait bien pu arriver avant elle. Elle grogna en se rendant compte que Carri devait se trouver parmi eux.

    En arrivant elle remarqua que malgré les ordres de couvre-feu, une petite bougie éclairait les cinq garçons déjà là.

    Carri, assis tout seul sur sa paillasse affutant un couteau, Liu, Kymé, Dui et Hugure discutant doucement à l'opposé. Ils la regardèrent arriver en souriant.

    -Je ne pensais pas que tu rentrerais aussi vite et en bon état, dit Carri méprisant, tu n’as pas eu trop peur ? Tu n'as pas l'air d'avoir trop maigri. Etonnant.

    Boue réprima son envie de l'étrangler, haussa les épaules et se dirigea à tâtons vers sa paillasse. Carri eut l’air vexé qu’elle ne réponde pas à ses provocations.

    -Tu as perdu ta langue ? fit il d'un air mauvais.

    -Tu aurais mieux fait de perdre la tienne, répondit elle sans se retourner, tout le monde en aurait été content.

    L’autre se leva d'un bon et la rejoignit. Il voulut l’attraper par l'épaule, mais au dernier moment elle s’écarta et lui fit un croche-patte qui l’envoya s’étaler dans la poussière.

    -Je t’interdis de me toucher, gronda-t-elle comme une bête.

    Il lui lança un regard noir...Et en moins d’une seconde, il la renversa et elle se retrouva par terre.

    Elle lui lança un regard de pure haine et se dégagea, retournant vers sa paillasse, où elle s’allongea et s’endormit en pensant à la torture qu'elle pourrait faire subir à Carri un jour...

    Tout le monde arriva dans les trois jours suivants. Le chef savait très bien qu’on ne pouvait pas faire le chemin en une semaine, si on voulait dormir correctement. Malgré tout il les sermonna sur leur retard.

    Le seul qui ne revint pas fut Fabr. Au bout de quatre jours de retard, pensant qu'il s'était perdu, le chef décida d’envoyer sa « compagnie » à sa recherche. Il constitua des équipes de deux, et bien évidemment, Luciole et Boue ne furent pas ensemble.

    -Luciole tu seras avec Liu, fit le chef en désignant les équipes, Boue avec Carri.

    -QUOI! Firent les deux appelé dans un même élan de fureur.

    -Vous avez des réclamations? Demanda le chef d'une voix dure.

    Personne ne répondant il continua sa liste, ignorant volontairement les regards de haine que se lançaient Boue et Carri.

    Le but de cette nouvelle sortie était de retrouver Fabr. A leur arrivée en forêt ils auraient trois jours pour le retrouver. On leur confia des armes en fonction de leurs affinités. Carri et Boue eurent chacun une épée courte, assez légère. Liu eut droit à une masse d'arme et Luciole prit pour sa part une drôle de lame des régions de l'Est nommée Katana.

    -Nous nous retrouverons ici dans trois jours, dit le chef devant l’entrée de la forêt, Ne prenez pas de risques inutiles, si dans trois jours personne n’a retrouvé Fabr, je confierais la mission à d’autre plus expérimenté.

    Tout le monde acquiesça et chaque équipe partit fouiller son secteur.


    Carri et Boue ne parlaient pas. Chacun souhaitait les pire maux pour son voisin et ses vœux, par ailleurs inefficaces, les occupaient tant que la conversation, même inamicale, ne leur était pas venue à l'esprit.

    Au bout de plusieurs heures de veines recherches ils entendirent soudain du bruit. Ils s’arrêtèrent. Leur regard se croisant ils décidèrent silencieusement de se séparer et d'avancer le plus discrètement possible vers l'origine de ces bruits suspects. Environs une dizaine de mètres plus loin ils aperçurent des sentinelles. Les évitant soigneusement ils s'approchèrent de la clairière qui se trouvait devant eux. Il y avait un camp, avec à l’intérieur, trois poteaux, sur lesquels était attachés Fabr, qui semblait inconscient et mal en point, et deux autres personnes que les jeunes éclaireurs ne connaissaient pas, mais qu'ils supposèrent être des paysans de la région. Ils n’entendaient pas se qui se disait à l'intérieur, mais Boue sursauta quand l’un des hommes du camp s’approcha et gifla Fabr avec une force qui le fit saigner du nez, mais ne le réveilla pas. L’homme cracha quelques mots à ses compagnons et se tourna vers les deux autres hommes qui tentaient, bravement mais sans succès, de ne pas trembler de terreur. De là où il se trouvait Carri put voir le soldat prendre un couteau et trancher sans sourciller l'oreille de l'un des deux hommes. Celui ci hurla et l'autre frissonna d'horreur en voyant le soldat rire en brandissant fièrement son trophée macabre. Boue le vit fermer les yeux puis les rouvrir comme pour échapper à ce cauchemar. Malheureusement pour lui ce n'était pas un rêve.

    Boue se retint pour ne pas vomir de dégout et rejoignit silencieusement Carri.

    -Il faut aller prévenir le chef, lui murmura-t-elle.

    -Oui mais il est où ? chuchota l’autre en réponse, Trois jour il a dit.

    -Tu ne penses quand même pas qu'il nous a lâché comme ça, répondit Boue, il doit y avoir une autre compagnie quelque part, au cas où.

    Malheureusement pour eux, sa dernière phrase fut perçu par les sentinelles qui poussèrent un cri d'alerte:

    -Des intrus ! siffla l'homme à l'oreille, Va prévenir le chef vite !

    Il prit une hache et fit signe à ses hommes de se déployer autour des deux jeunes gens qui prirent éperdument la fuite. Tous les principes de discrétion qu'ils avaient eut tant de mal à retenir étaient effacés par la terreur qui les tenait, l'un comme l'autre.

    Carri couraient vite mais il était ralenti par Boue qui malgré son adresse ne l'égalait pas en vitesse. Elle s'épuisait. De plus en plus inquiet Carri la pressa de continuer. Boue voulu lui faire signe de ne pas s'occuper d'elle mais elle poussa soudain un cri et s'écroula, l'épaule percée d'une flèche. Carri se précipita et l'aida à se relever tandis que leurs poursuivants déferlaient parmi les arbres.

    Boue souffrait. A chaque mouvement qu’elle faisait, sa blessure la tiraillait. Elle perdait beaucoup de sang et la sueur perlait sur son front. Elle trébucha et s’étala dans les feuilles rendues glissantes par la pluie qui avait commencé à tomber. Carri la traîna vers un buisson et d'un coup sec retira la flèche. La douleur lui fit voir trouble et elle ne le sentit pas qui bandait étroitement son épaule.

    -On ne va pas tenir longtemps à ce rythme, marmonna-t-elle.

    -A qui la faute? S'exclama Carri exaspéré.

    Boue lui jeta un regard noir:

    -Très bien. Tire toi et va prévenir le chef. Je vais les attirer ailleurs. Mais dépêche toi je ne tiendrais pas longtemps.

    -ça va pas non? Je ne vais pas te laisser comme ça!

    -Tu n'as pas le choix! Dépêche toi!

    Elle se releva et se mit à courir sans lui laisser le temps de répondre.

    Les soldats la virent et se lancèrent à sa poursuite. Quand ils eurent disparu Carri se mit à courir. Il espéra que le chef avait laissé quelqu’un dans la clairière où qu’il tomberait sur quelqu’un avant.

    Il slaloma à toute vitesse entre les grands arbres. Quand il arriva dans la clairière le chef était là en compagnie de trois éclaireurs que Carri n’avait jamais vu. Oubliant tout protocole il se précipita vers lui et lui débita toute son histoire en un temps record.

    -Parle moins vite ! lui ordonna le chef.

    -Fabr…dans un camps…repéré… courir… Boue…blessée…besoin d’aide…

    Son discours était décousu mais les trois hommes comprirent bien vite ce qui se passait.

    -Va chercher les autres, ordonna le chef à l'un des hommes.

    Il se tourna vers les deux autres:

    -Allez voir ce qu'il se passe! On vous retrouve dans cinq minutes.

    Il prit Carri par le bras et le tira brutalement vers un chemin opposé. Un centaine de mètres plus loin ils débouchèrent dans un camp où une centaine d'éclaireurs étaient en train de se réunir. Carri ouvrit la bouche stupéfait:

    -Tu ne croyais tout de même pas que j'allais vous lâcher comme ça dans la nature non? Fit le chef méprisant.

    Carri se renfrogna et ne répondit pas. Boue avait vu juste et ça l'agaçait. Elle devinait toujours tout.

     

    Les deux éclaireurs couraient rapidement, suivant aisément les traces de Carri jusqu'à l'endroit où lui et Boue s'étaient séparés. Là ils n'eurent aucun mal à voir par quel chemin elle était passée: un troupeau de bœufs en colère n'aurait pas fait plus de dégâts. Ils se regardèrent d'un air sombre: ils risquaient d'arriver trop tard.


    La nuit tombait. Les deux éclaireurs couraient en tous sens sur la plaine jonchée de cadavres.

    De toute évidence, ces hommes étaient les mercenaires. Mais comment se faisait-il qu’ils soient mort ?

    Soudain l’un des deux hommes, cria quelques chose à son compagnon. Celui ci le rejoignit et découvrit, recroquevillée entre deux rocher, une jeune fille, qu’ils avaient déjà vu. Boue. Ils la soulevèrent et la déposèrent dans un coin à peu près vide de cadavres.

    Elle n’était pas morte. Il essayèrent de la réveiller, mais elle ne bougea pas. Ils remarquèrent que l'une de ses mains était serrée autours de quelque chose. Ils la déplièrent et un dé en bois apparu. Ils eurent un frisson: la Chance était de retour.

    Quand le chef les rejoignit avec le reste de la troupe quelques minutes plus tard, les deux éclaireurs venaient de réussir à réveiller Boue. D’un commun accord ils avaient décidé de n'évoquer le dé qu'au chef, et de laisser Boue dans l'ignorance : c'était plus sur pour elle.

    La Chance était un assassin. Un homme qui pour une raison ou pour une autre tuait des gens. Par argent, par honneur, par vengeance, ou quelques fois, pour aider. Il avait du déposer le dé dans la main de la fille après qu’elle se soit évanouie. Elle n’apprendrait jamais son intervention. C'était bien trop risqué pour elle. Si la Chance ne vous tuait pas, c'était les autres qui vous tuaient, par pure terreur: on ne faisait pas confiance à l'ami d'un tueur.

    Le chef s’approcha, suivit de tout un groupe de jeunes. Les autres soldats se déployèrent et fouillèrent méthodiquement la scène macabre.

    -Alors ? demanda le chef , que s’est il passé?

    -La Chance, répondit un des éclaireur d'une voix basse, Du moins on le suppose vu l'état des lieux.

    Il désigna du pouce derrière lui Boue qui se levait.

    -Nous l’avons trouvé coincée entre les rochers, là-bas, avec ça dans la main.

    Il tendit le dé à son chef. Celui ci écarquilla les yeux en reconnaissant l'objet.

    -Il vaut mieux qu'elle ne l'apprenne jamais, fit-il d'une voix blanche.

    Il lâcha le dé et d'un brusque coup de talon il l'enfonça dans le sol meuble. Boue s’approcha, chancelante. Luciole jaillit des rangs des élèves pour la soutenir. Il n’était rien arrivé à personne, sauf à Carri et Boue. Ironiquement ils n'avaient pas eu de chance. Le chef décida de rentrer sans s’attarder d’avantage. Il laissa une partie de la troupe vérifier qu'il n'y avait pas de survivant et trouver le camp des morts. Il n'avait pas le moindre espoir sur l'état dans lequel ils allaient retrouver Fabr. Quand aux soldats il savait qu'il n'y avait pas de survivant.

     

    Dieux qu’elle avait mal à la tête ! Pourquoi fallait il que ça tombe sur elle ? Papa n’aurait jamais du la laisser partir. Elle se plaindrait à Mor. On n’avait pas le droit de la frapper comme ça.

    Elle ouvrit les yeux. Contrairement à ce qu’elle croyait, elle n’était pas dans l’auberge des trois chevaux. Des draps blancs l’entouraient et une odeur d'alcool fort et de tisane flottait dans l'atmosphère. En arrière plan une odeur de sang et de chair brulée ressortaient. Qu'est ce que c'était que cet endroit ?

    L'infirmerie. Elle était à l'infirmerie d'Ile. Elle l'avait suffisamment fréquentée pour la reconnaître. Son père était mort, Mor loin d'ici, et elle faisait partie des éclaireurs. Elle avait été blessée, avait fuit et puis... Et puis l’homme était apparu.

    Tout en noir il arriva en courant, le sourire au lèvres. Il la poussa entre les rochers où elle se cacha. Elle eut à peine le temps de songer à ce qu'il pouvait être qu'elle entendit les hurlements d'agonie. Elle frissonna de la tête aux pieds et se boucha les oreilles ferma les yeux tentant de ne pas savoir ce qu'était que tous ces bruits. Mais elle ne le savait que trop bien. Un jour elle serait au milieu de tout ça. Soudain il n'y eut plus rien. Elle sursauta quand une main lui toucha l'épaule. Elle ouvrit les yeux: l'homme lui souriait gentiment et l'incita à se lever. Elle obéit. Détournant le regard du visage étrangement calme de l'homme elle regarda la plaine. Elle eut un haut le corps et son estomac se vida sur ses chaussures: ce n'était plus une plaine verte. Elle était rouge, bosselée de membres déchiquetés. L'atmosphère avait l'odeur métallique du sang encore chaud. Déjà les corbeaux tournoyaient au dessus des cadavres. Elle détourna son regard de cet horrible spectacle, pour le poser sur son sauveur. Celui ci la regardait attentivement de ses yeux du même rouge que le sang qui venait de couler. Il guettait sa réaction.

    -M... merci, je pense, dit elle d’une voix rauque.

    L’autre éclata de rire :

    -Mais de rien ! répondit il en riant.

    Comment pouvait on être aussi joyeux après une boucherie pareille ?

    -Qui êtes vous ? demanda-t-elle.

    -Moi ? fit il amical, Bah je m’appelle Rif le Noir. Mais il y a longtemps que l'on ne me nomme plus ainsi: Je suis la Chance. Et toi ? Demanda-t-il.

    Elle resta stupéfaite. Elle connaissait la réputation de cet homme.

    -La…la Chance ? répéta-t-elle, Pourquoi ?

    Drôle de question à poser dans de telles circonstances.

    -Une ironie sur mes actes je suppose, fit il en haussant les épaules, Mais tu ne m’as pas répondu.

    -Boue, répondit elle.

    -Drôle de nom, fit il intrigué, et tu l’aimes bien ?

    Drôle de question, pensa-t-elle.

    -C'est mon nom, fit elle en haussant les épaules.

    -Tiens, continua-t-il, prend ça. Garde le, ça me ferait plaisir.

    Il lui attrapa la main et y déposa un dé en bois.

    -C’est mon insigne, dit il en lui faisant un clin d’œil, ne la montre pas à tout le monde !

    -Aucun risque, répondit elle, moitié inquiète, moitié curieuse.

    Elle ne sentait plus sa blessure, mais avait envie de dormir.

    -Retourne entre les rocher, petite femme, dit doucement la Chance.

    Elle lui obéit et dès qu’elle se fut assise, elle s’effondra. Endormie dans un sommeil réparateur.


    Quelqu’un tira le rideau. Boue ouvrit les yeux: la Chance se trouvait devant elle.

    -Qu’est ce que vous faites là ? demanda Boue un peu effrayé.

    -Eh bien je viens te refaire mon cadeau, puisque tu l'as déjà perdu.

    Il posa le dé sur le lit.

    -Je ne l'ai pas...

    Rif secoua la tête et tourna les talons. Elle guetta le bruit de ses pas, mais rien ne traversa les rideaux. Elle soupira et prit le dé qu'elle examina. Ce n'était qu'un simple dé. Un peu de terre attestait de son récent passage au sol. Elle entendit du bruit et eut à peine le temps de le dissimuler que le médecin entrait.

    -Eh bien, fit il, tu as l’air de récupérer vite ! encore un peu de repos et tu pourras retourner avec tes camarades ! Par contre tu ne pourras pas utiliser ton bras avant au moins une semaine si ce n'est plus. Tu es droitière?

    Elle hocha la tête:

    -Eh bien tu vas devoir apprendre à te débrouiller avec ta main gauche.

    Il posa une fiole sur la petite table à côté du lit, la déboucha, et en versa dans un verre.

    -Bois, ça va te faire dormir. Demain matin nous verrons comment se porte ta blessure et tu pourras peut-être sortir. Avec interdiction formelle de faire le moindre mouvement avec une arme, sur un cheval, ou la moindre chose qui pourrait ressembler à un combat.

    Boue acquiesça en haussant les épaules, et regretta immédiatement en sentant ladouleur irradier depuis son omoplate jusqu'au bout de ses doigts. Elle prit le verre que lui tendait le médecin, le but et tomba dans un sommeil mérité.

     

    Quand elle se réveilla, se fut à cause du bruit à l’extérieur. Des gens se disputaient.

    Quelqu’un tira le rideau et entra dans la chambre. C’était le médecin.

    -Ah tu es réveillée ! fit il en voyant Boue se redresser, Il fait nuit dehors, mais le chef vient de piquer une crise: tout le monde va faire des manœuvres. Toi tu restes là et tu te reposes. Je ne serais pas loin. Tu n'as pas mal au bras?

    -Non, fit elle, du moins pas encore.

    -Ne t'inquiète pas. La blessure était assez profonde mais le fait que Carri ai retiré la flèche rapidement et arrêté l'épanchement sanguin te permettra de guérir plus vite. Nous changerons ton pansement demain matin. Maintenant dors.

    Il sortit avec la lumière et Boue s'endormit aussitôt, pensant qu'elle allait devoir remercier Carri. Et ça, ça lui faisait mal.

     

    « Recap 2?Hostage »

  • Commentaires

    1
    Lundi 2 Juillet 2012 à 19:47

    Ce n'est pas à ce moment là qu'elle est supposée être blessée au ventre ? Je suis un peu perdue pour le coup, il n'y est fait aucune allusion. À moins que ce soit plus tard (c'est possible, avec ma mémoire de coccinelle je n'ai plus trop les détails en tête).

    2
    Kiru Loup Profil de Kiru Loup
    Mercredi 4 Juillet 2012 à 14:08

    Ah en fait, c'est une de mes nombreuses incohérances, elle n'a jamais été vue blessée au ventre dans la version précédente. Mais heureusement que tu m'y fais penser, j'aurais été capable d'oublier encore une fois!

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