• Chapitre 5:

    Elle criait sur le terrain d'équitation. Quatre nouveaux tentaient tant bien que mal de se faire obéir de leur monture et Boue commençait à désespérer de leur apprendre quoi que ce soit. Elle n'avait pas demandé à être leur professeur, mais comme elle s'ennuyait et que l'ennui la mettait de mauvaise humeur le chef avait jugé prudent de l'occuper. Mais devoir s'occuper de gamins qui se prenaient pour des durs mettait Boue dans un état d'énervement que le chef commençait à regretter.

     

    -Mais enfin assis toi correctement !

     

    Boue s'était rapproché de l'un des cavaliers à l'expression terrifiée: un garçon roux bien trop jeune pour être dans l'armée.

     

    -Il ne veut pas...

     

    Elle le sentait sur le point de fondre en larme : de tout le groupe c'était le seul à ne pas avoir choisi d'être là. Son père l'avait vendu à l'Impératrice pour gagner de quoi faire vivre le reste de sa nombreuse progéniture. Ce garçon là était le dernier et le chétif de la famille : c'était une bouche inutile de moins à nourrir. Les trois autres n'étaient, pour leur part, pas des tendres. Les faubourgs d'Atlantide leurs avaient déjà appris à survivre. C'était surtout la discipline qu'ils devaient intégrer, le reste ils connaissaient déjà. Mais face à Boue ils restaient silencieux. Ils avaient déjà fait l'expérience de son mauvais caractère et ne tenaient pas à ce qu'elle recommence.

     

    -Donne lui du mou où tu vas encore finir le cul par terre, fit elle au petit roux raide sur son cheval.

     

    Son froncement de sourcils n'était pas fait pour l'aider à se détendre mais comme elle ne semblait pas s'impatienter, pour une fois, il essaya de faire ce qu'elle lui disait. Son cheval se calma visiblement quand le mors arrêta de lui scier la bouche. Elle soupira et hocha la tête :

     

    -Bien. Maintenant fais le avancer jusqu'au poteau là-bas et reviens. Plus tu respectes ta monture plus facile ça sera de te faire obéir.

     

    -Ça marche aussi pour tes subordonnés, fit une voix grave derrière elle.

     

    Elle pivota vivement et par pur réflexe se mit en position de combat. C'était évidemment Carri. Elle grogna d'une voix mauvaise:

     

    -Je déteste quand tu fais ça.

     

    -Je sais. Sinon je ne m'embêterai pas à le faire.

     

    Au tour que prenait la conversation le petit roux jugea plus prudent de s'éloigner et réussit miraculeusement à faire avancer son cheval du premier coup.

    Elle croisa les bras, se rappelant la menace du chef de l'enfermer si jamais elle se battait une nouvelle fois avec Carri. Elle pinça les lèvres et siffla :

     

    -Qu'est ce que tu veux ?

     

    -On s'en va. Une rébellion à Avalon.

     

    -Chouette. Une nouvelle ville imprenable.

     

    Elle lui jeta un œil mauvais et se tourna vers ses élèves en criant :

     

    -C'est fini pour aujourd'hui ! Ramenez vos montures à l'écurie et rejoignez les autres ! Et je vous écorche à mon retour si vous oubliez ce que vous avez appris !

     

    Elle ne vérifia pas qu'ils obéissaient et ramena son regard vers Carri. Il la regardait d'un air surpris:

     

    -Qu'est ce qu'il y a ? Fit elle d'un ton rogue.

     

    -Je me demandais depuis quand tu étais devenue si gentille. Peut être que l'intelligence est à ta portée finalement.

     

    Elle lui écrasa son poing sur le visage.

     

     

     

    Avalon était effectivement réputée pour être imprenable. Ville fortifiée entourée d'un véritable fleuve bouillonnant elle n'était accessible que par un unique pont qui était relevé en tant de guerre. Une fois relevé plus personne ne pouvait traverser. Et ce n'était pas de la vantardise de la part des Avalonnais : de nombreux cadavres de soldats avaient été retrouvés flottant des kilomètres en aval, noyé durant leur tentative de traversée, en bateau ou à la nage.

     

    Quand les éclaireurs arrivèrent ce fut un camp déjà déprimé qui les accueillit. Le chef n'était pas venu avec eux et Carri avait naturellement pris sa place.

     

    Arrivés sur la place centrale il se tourna vers Boue :

     

    -Tu me trouves le général et tu me le ramènes. On installe le camp loin du fleuve. De ce côté.

     

    Il indiqua le point le plus loin de la ville.

     

    -Tu pourrais au moins être poli, grogna-t-elle en faisant avancer Troll vers le centre des opérations.

     

    -Inutile puisque tu obéis comme ça, répliqua-t-il.

     

    Elle répondit sans se retourner par un geste très vulgaire qui fut reçu par un haussement d'épaule.

     

    -Si je ne la connaissais pas on pourrait croire qu'elle l'aime bien, fit remarquer Luciole en se tournant vers Liu.

     

    -Hum. Je pense qu'elle joue la gentille. Elle ne peut pas décemment apprécier Carri.

     

    -Je peux savoir de quoi vous discutez tous les deux, Lança Carri en les dépassant, Pendant que tout le monde travaille ?

     

    -De toi crétin, lança Luciole.

     

    Mais elle fit néanmoins volter son cheval et partit faire un repérage.

     

     

     

    Boue trouva rapidement le général. Il était dans la tente de commandement avec les autres officiers. Ils étaient tous penché sur une carte de combat quand elle arriva. Elle avait démonté devant l'entrée, sous le regard méfiant des deux soldats postés là. Ils tentèrent de s'interposer pour l'empêcher de rentrer dans la tente :

     

    -Soyez sérieux les gars, grogna-t-elle, vous n'avez pas les yeux en face des trous ? Le loup il est pas assez gros pour vous ?

     

    -ça ne prouve rien.

     

    -Bon dans ce cas passons à un autre problème : vous pensez sérieusement être capable de m'empêcher d'entrer ?

     

    Ils eurent une hésitation :

     

    -C'est bien ce que je me disais. Maintenant virez vos fesses de là.

     

    Ils s'écartèrent avec un grognement et Boue entra. Les hommes présents dans la tente n'avaient pas prêté attention à la conversation et furent surpris de la voir entrer.

     

    -Qui vous a autorisé à entrer ? Fit un homme de son âge en s'interposant entre elle et la table.

     

    Elle leva les yeux au ciel :

     

    -On va dire que c'est le manque de lumière, marmonna-t-elle.

     

    Elle soupira et annonça d'une voix agacée :

     

    -Soldat Boue, Eclaireur de la Dixième Compagnie. Le capitaine Carri m'a envoyé quérir le Général MacWolf.

     

    -Qu'il se déplace lui-même, grogna quelqu'un depuis la table.

     

    Elle ne voyait rien : l'homme devant elle lui bouchait la vue.

     

    -Cela vous ennuierait de vous écarter un peu ? Je sais que je l'air menaçant mais je vous promet que je ne touche pas à ceux de mon camp.

     

    Il rit et son visage montrait bien ce qu'il pensait des capacités de Boue. Elle soupira et d'un geste brutal lui écrasa son poing sur le visage.

     

    -Désolée, fit elle devant l'air stupéfait des hommes présents. Ça m'a échappé. Je ne suis pas très patiente messieurs.

     

    -Dites à votre capitaine que s'il veut discuter il doit venir me voir lui même. J'ai autre chose à faire que de répondre à la convocation d'un soldat.

     

    Boue haussa les sourcils en se rendant compte que celui qu'elle venait de frapper, et qui venait de parler, n'était autre que le général. Elle mit cela sur le compte de la lumière et jura intérieurement en espérant que Carri ne l'apprenne pas.

     

    -Désolée pour votre nez général. Dans tous les cas je peux transmettre votre message mais vous regretterez de le faire venir ici. Il est pire que moi.

     

    Le général haussa les épaules en tâtant sa pommette. Il grimaça.

     

    -C'est possible ça ?

     

    Il se releva et sans plus la regarder agita une main lui signifiant de partir.

     

    Boue se sentit admirative de la retenue dont il faisait preuve. Elle salua et lança avant de sortir :

     

    -Bon rétablissement général.

     

    Elle eut le temps de l'entendre éclater de rire avant qu'elle n'atteigne son cheval.

     

     

     

    Carri eut l'air mécontent en la voyant arriver seule. Elle démonta et le rejoignit en tenant son cheval par la bride :

     

    -Tu sais très bien que je ne suis pas très diplomate, fit elle en haussant les épaules.

     

    -Il n'a rien de cassé au moins ?

     

    -Comment tu sais ça ?

     

    Elle eut un mouvement de recul en voyant la fureur se peindre sur son visage. Elle ne pensait pas qu'un jour elle aurait peur de lui.

     

    -Tu l'as réellement frappé ? Mais qu'est ce qui t'a pris pauvre idiote ! Tu n'as pas deux sous de jugeote dans ta pauvre caboche ? Ce type est ton supérieur ! S'il me le demandait je lui apporterais ta tête sur un plateau ! Regarde moi !

     

    Boue n'osa pas lever les yeux. Elle resta silencieuse, incapable de savoir si c'était la colère ou la peur qui faisait battre ses tempes. Elle l'entendit souffler bruyamment. Il finit par parler à nouveau, d'une voix plus calme :

     

    -Tu devrais faire attention à ce que tu fais. Je sais que tu as ta fierté mais crois moi, tu ne veux pas mécontenter quelqu'un comme lui.

     

    -Désolée.

     

    -Ferme la. Va attendre Luciole et dès qu'elle revient vous faites le point avec les autres. Je veux que vous sachiez quoi faire quand je reviendrais de cette réunion inutile.

     

    Elle hocha la tête et il s'éloigna.

     

    -Carri, je...

     

    Il lança sans se retourner

     

    -T'en fais pas. On aurait tous fait la même chose j'imagine.

     

    Boue le regarda partir. Elle ne pensait pas être un jour contente de l'avoir pour chef.

     

     

     

    Luciole revint rapidement et elle et Boue allèrent s'asseoir en compagnie des autres près du feu. Ils discutèrent longuement des possibilités mais se rendirent rapidement compte qu'ils n'avaient pas tellement le choix.

     

    Luciole s'assit près de Boue et lui tendit une écuelle :

     

    -Mange, tu vas en avoir besoin.

     

    Boue la prit sans un mot et commença à manger. Luciole resta un instant silencieuse avant de demander :

     

    -Tu n'as jamais peur ?

     

    -Peur de quoi ?

     

    -De mourir. D'être blessée.

     

    -Bien sur que si.

     

    Luciole la regarda d'un drôle d'air :

     

    -Alors pourquoi est ce que tu agis comme si de rien n'était ?

     

    Boue haussa les épaules en posant son écuelle vide. Elle s'allongea, les bras croisés sous sa nuque, observant les étoiles.

     

    -Montrer que j'ai peur n'arrangerai pas les choses. Au mieux les gens me considéreraient comme quelqu'un de normal, au pire plus personne n'avancerai parce que tout le monde serait terrifié. Le métier veut qu'on soit la première ligne. Si tu n'avances pas tu meures écrasé.

     

    -Me donne pas tes grandes phrases. Qui voudrait nous écraser ?

     

    Boue grogna :

     

    -Environ les trois quarts de la population, le gouvernement et le reste de l'armée ?

     

    Luciole ne répondit rien. Elles restèrent un instant silencieuses puis Luciole reprit :

     

    -Je pense que je ne vais pas tarder à arrêter.

     

    -Tu veux dire partir ? Pour faire quoi ?

     

    -Je ne sais pas. Fonder une famille, avoir une petite maison, un jardin. Ce genre de choses.

     

    -Hum.

     

    Arrêter. Idée tentante.

     

     

     

    Quand Carri revint, la nuit était tombée depuis longtemps. Les autres, à part Liu qui était de garde, étaient assis autour du feu, discutant sombrement. Il se laissa tomber près d'eux et demanda :

     

    -Alors ?

     

    -Les murs sont semblables à ceux de Heyei, fit Luciole, mais le fleuve empêche tout accès. C'est un cercle parfait donc pas d'angles morts. La garde semble être parfaitement entrainée et nombreuse. Le fleuve est impossible à traverser. Vraiment. Je n'ai jamais vu d'aussi gros bouillons et des tourbillons imprévisibles se forment emportant tout sur leurs passage. Un tronc d'arbre se ferait hacher en morceaux en essayant de passer.

     

    Elle se tut et il fronça les sourcils :

     

    -Et alors vous n'avez rien trouvé ?

     

    Les autres se tournèrent vers Boue. Elle resta les yeux fixés au sol :

     

    -Il faut sauter par dessus.

     

     

     

    Boue sentait une boule se former dans son estomac. Elle savait que c'était elle qui avait proposé cette idée et elle savait que c'était probablement leur seule chance de jamais entrer dans la cité. Mais là maintenant, devant le fleuve tourbillonnant elle se demandait si finalement elle n'avait pas fait ça simplement pour redorer son blason. Elle savait qu'elle était la seule à pouvoir franchir un tel espace avec une perche et d'ensuite grimper au mur et de traverser la moitié de la cité et d'abaisser le pont-levis tout en tuant ceux qui lui bloquait le passage. Elle savait tout ça. Elle savait aussi qu'elle n'avait qu'une seule chance de ne pas mourir noyée ou écrasée contre le mur. Une seule. Pas de rattrapage.

    Seul Carri était présent. Pour plus de discrétion et aussi pour ne pas ajouter le poids des regards au stress de Boue. Celui de Carri suffisait déjà amplement. Elle le regarda :

     

    -Ça va aller, fit il.

     

    -Tu te rends compte que tu viens de dire quelque chose de parfaitement stupide ?

     

    Il grogna et elle sourit.

     

    -Ok, soupira-t-elle, Si je survis à tout ça tu me rappelleras de démissionner ?

     

    Il hocha la tête.

     

    Elle se recula, sa perche à la main. Il s'écarta. Elle avait peut de temps avant la prochaine sentinelle.

     

    Il ferma les yeux un instant et les rouvrit brusquement en sentant le vent passer. Il arrêta de respirer en la voyant s'élever dans les airs. Elle sembla flotter une éternité au dessus du fleuve. Trop court, pensa-t-il un instant. Trop long, pensa-t-il l'instant suivant.


    Elle aurait voulu hurler mais le son était heureusement bloqué dans sa gorge. Elle ne regardait pas en bas mais elle sentait l'eau bouillonner sous elle. Ses yeux fixaient le mur qui se rapprochait à toute vitesse. Trop long pensa-t-elle horrifiée. Soudain sa chute s'accentua et elle eut juste la présence d'esprit de se préparer à rouler avant que le sol ne la heurte violemment.

     

    Os qui éclatent. Oreilles hurlantes. Noir.

    Elle resta étendue sur le sol. Son corps hurlait mais elle entendait le bruit de l'eau. Elle ouvrit les yeux. Elle voyait quelques étoiles. Elle remua les doigts. Elle était vivante. Elle se redressa douloureusement. Son genou droit semblait enflé. Elle le plia et grimaça. Chouette. Elle s'appuya sur ses poignets sensibles et se leva. Elle tituba, la tête tournante. Son genou lui criait de se rasseoir et d'attendre mais elle n'avait pas le temps. Elle se tourna chancelante vers l'autre rive et agita le bras vers Carri. Il leva une main. Elle se détourna et se prépara à grimper le plus haut mur qu'elle ai jamais vu.

     

    L'ascension dura une éternité. Elle avait cessé de pensé et ce ne fut que lorsque sa main atteignit le rebord qu'elle se rappela où elle était. Elle s'immobilisa pour écouter. Le bruit d'une patrouille s'éloignait. Elle se hissa difficilement sur le rempart et retomba de l'autre côté. Elle respira profondément.

     

    Ils ne l'avaient pas vue. Ils ne l'avaient pas entendue. Si elle avait pu elle aurait ri. Mais elle manquait de souffle. Elle se traîna jusqu'au bord du chemin de ronde.

     

    Haut. Elle se recula en fermant les yeux. Elle devait bouger. Elle se redressa et se mit à claudiquer derrière la patrouille. Elle devrait passer par une tour. Elle espéra qu'elle avait choisi le bon côté de la ville.


    La tour était pleine et Boue était prise au piège. Elle n'avait aucun moyen de faire demi tour car la patrouille suivante allait arriver d'une minute à l'autre et elle n'avait aucun moyen de descendre sans que tout le monde la voit. Elle sortit doucement son sabre regrettant d'avoir du abandonner sa cote de maille pour pouvoir franchir le fleuve et s'éloigna de la tour. Elle s'approcha du bord du mur et après un soupir se laissa glisser sur l'extérieur. Pendue à bout de bras entre deux créneaux elle attendit. Ses bras brûlaient, ses mains commençaient à glisser. Elle entendit les armures approcher. Ils passèrent sans la voir et elle remonta d'une traction, retombant silencieuse derrière eux. En deux pas elle fut sur eux. Deux secondes plus tard ils gisaient silencieux et égorgés à ses pieds. Elle les attacha avec leurs ceintures et les pendit par dessus le mur. D'un pas silencieux, s'empêchant de penser à son genou, à ses mains, à ses bras et à son dos elle glissa vers la tour. Elle devait être rapide. Rapide ou morte elle n'avait pas beaucoup le choix. Elle prit une profonde inspiration et lança un coup d'oeil par la porte entrouverte. Ils étaient toujours aussi nombreux. Ils avaient l'air détendu. Peu portaient une armure complète et ils semblaient presque tous avoir posé leurs armes. Elle avait une chance. Elle expira et poussa la porte.

    Elle eut le temps d'en tuer trois avant qu'ils ne soient sur elle. Aucun d'entre d'eux n'auraient pu la battre s'ils n'étaient pas tous ensemble. Mais à six contre elle, blessée, elle avait peur. La salle semblait se liguer contre elle, envoyant des tables dans son dos, des tabourets dans ses pieds et des bouteilles pour faire du bruit. Elle étouffa un cri en sentant une lame lui entailler le bras. Elle tua l'homme mais deux le remplacèrent. Elle recula vers l'escalier en blessa un au ventre, tua l'autre d'un coup de sabre à travers l'oeil. Les trois autres la pressaient de tout côté, hurlant de rage, l'empêchant de réfléchir. D'un coup de pied elle repoussa l'un d'eux et tua les deux autres. Elle allait finir celui qui se relevait. Elle devait le finir. Elle le vit lancer son bras dans un long mouvement circulaire et se sentit lente et lourde en tentant de l'arrêter. Elle se recula mais pas assez. Elle hurla quand la lame trancha la chair de son ventre, pénétrant profondément. Elle abaissa son bras et il eut la tête tranchée en deux. Elle s’effondra.

     

    -Merde...

     

    Elle se tenait le ventre en sifflant. Un putain de coup d'épée. Un seul coup et elle allait en rester là ? Elle ferma une seconde les yeux et se mordit la lèvre. Elle devait bouger. Le boucan avait du réveiller toute la ville. Elle arracha une chemise déchirée sur un cadavre. Elle entendit du bruit sur le rempart. Pressant la chemise sur son ventre sanglant elle tituba vers l'escalier. S'appuyant au mur elle le descendit en gémissant. Arrivée en bas elle enroula le morceau de tissus autour de sa taille, le serrant au maximum, serrant les dents. Elle prit une lance dans un râtelier et, s'appuyant dessus, sortit de la tour alors que résonnaient déjà les cris des gardes qui, là-haut, venaient de découvrir le carnage.

    Elle courait et titubait à la fois. Elle se repérait aux étoiles tentant de se diriger vers la porte principale. Elle avait vu des plans de la ville mais elle était incapable de s'en rappeler. Elle se pressa dans une encoignure de porte, évitant une troupe de soldats qui courait vers le carnage. Elle n'attendit pas qu'ils aient disparu pour se remettre à avancer. Elle continua sa route.

    Elle tomba sur la porte presque par hasard. Elle en aurait crié de joie si un certain nombre de gardes n'étaient pas en poste à son pied. Mais son carnage avait eut le bénéfice de les mettre en panique. Ils furent tous appelés sur le mur et seul un homme resta en bas près du levier. Facile. La douleur était presque devenue une drogue. Elle se redressa et couru vers l'homme. D'un seul mouvement elle l'avait décapité. Elle observa le haut du mur. Il s'éclaircissait tendis que les hommes se dirigeaient vers un autre endroit du mur. Elle entendait une clameur de l'autre côté du mur. La diversion ? On peu dire qu'ils arrivaient au bon moment. Elle haletait et manquait d'air.

    Elle commença à relever la herse. Elle avait l'impression qu'à chaque fois qu'elle appuyait sur la roue une épée de feu s'enfonçait dans ses entrailles, tentant de les extirper de son intérieur. Elle cru même un instant qu'elles étaient sorties et dut toucher son ventre pour s'assurer qu'elle était encore en vie. D'un coup de pied elle débloqua le levier qui retenait le pont-levis. La deuxième chaîne ne suffit pas à le retenir et il s'écrasa sur l'autre rive. Elle dut s'appuyer au mur pour ne pas s'effondrer. Elle entendait la clameur des soldats et elle s'aida du mur pour aller accueillir ses compagnons qui étaient, elle le savait, au premier rang. Elle alla s'adosser à la tour et croisa les bras sur son ventre, espérant qu'ils ne tardent pas trop. Elle ne tenait pas à ce qu'ils lui marchent dessus.

    Elle vit Carri courir vers elle. Comment avait-il fait pour la voir dans tout ce fatras, se demanda-t-elle au milieu du brouillard qui commençait à l'envahir. Il s'arrêta en face d'elle :

     

    -Bravo.

     

    Il s'apprêtait à repartir quand elle appela d'une voix faible :

     

    -J'aurais encore besoin d'un coup de main...

     

    Il se retourna en fronçant les sourcils. Elle écarta les bras et il ouvrit de grands yeux.

     

    -Ça t'embêterai de me ramener à la maison ? Fit elle d'une voix hachée.

     

    Elle s'effondra dans ses bras et il grogna :

     

    -Il faut croire que je ne suis bon qu'à ça.

     

    Elle gémit quand il la souleva :

     

    -Arrête de te plaindre, fit il d'une voix faussement agacée et réellement inquiète, je te rappelle que je vais te sauver la vie là.

     

    -Génial...Tu me...préviens... si tu... réuss...

    « Chapitre 4:Un chapitre tout neuf! »

  • Commentaires

    1
    Samedi 29 Septembre 2012 à 23:53

    Owi un chapitre tout neuf et vierge de toute lecture

    Je ne saurai pas te dire en quoi, mais on sent effectivement que ce morceau a été écrit plus tard. Le style est sensiblement différent... peut-être un peu plus retenu ? J'ai eu la sensation que tu retenais un peu tes mots là où tu envoyais sans sourciller dans les précédents chapitres, mais ce n'est peut-être qu'une impression.

    Nous avons donc notre fameuse blessure. Sacrée Boue, elle est limite suicidaire quand-même lol.

    2
    Kiru Loup Profil de Kiru Loup
    Dimanche 30 Septembre 2012 à 10:11

    Ah peut être effectivement que je me retiens un peu. J'ai tendance à vomir des phrases bien trop longues et du coup je taille à la hache après. Mais c'est vrai que le début est plus bavard. Faudra que j'étudie la question!^^

    Sinon oui elle est suicidaire, mais c'est ce qui fait son charme non? Héhé... Et puis elle était là-bas pour ça quand même...

     

    3
    Dimanche 30 Septembre 2012 à 14:38

    Je pensais davantage au vocabulaire en fait, mais je suis peut-être folle (non en fait je SUIS folle), et je ne suis plus trop dans l'ambiance non-plus. Il me semble que sur tes premiers chapitres les mots sont plus incisifs, nottament au niveau des dialogues où ils se chambrent joyeusement. Ici j'ai eu la sensation d'un vocabulaire plus « doux », mais je ne saurai pas trop te dire pourquoi.

    Si ça se trouve rien n'a changé et je me suis laissée influencée par les nombreuses lectures que j'ai à côté, il faudrait l'avis de quelqu'un d'autre pour en juger. Comme je te l'ai dit il s'agit juste d'une impression.

    Pour le reste j'aime toujours autant la justesse du texte. C'est peut-être un peu bête à dire mais ça fait plaisir de voir des personnages maltraités (on est vraiment méchantes avec nos héros). Sauter à la perche par-dessus un fleuve, grimper un rempart, se défaire de toute une salle d'hommes entraînés au combat sont des entreprises délicates. D'autres l'aurait fait les doigts dans le nez en retombant sur leurs pieds comme Chuck Norris et sans réelle cohérence. Boue, elle, ben elle en chie ! Elle fini par y arriver mais elle n'est pas forcément discrète et sa réussite est beaucoup due à la panique créée. Le simple détail du pont-levis qui fini par tomber parce qu'une seule chaîne ne suffit pas à le retenir rend la scène tout à fait logique et plausible. On imagine très bien que ça fait un barouf de tous les diables, mais que c'est trop tard. Dans un sens Boue a de la chance que ça fonctionne, et de l'autre... ben elle a vraiment pas de bol ! C'est ça que j'aime. Elle fait des erreurs, elle n'est pas parfaite, mais elle est tellement têtue, acharnée et fière de l'être que ça la rend attachante.

    4
    Kiru Loup Profil de Kiru Loup
    Jeudi 4 Octobre 2012 à 16:22

    Ouh quel éloge! ^^ Merci en tout cas ça me fait plaisir que tu aimes mes personnages (enfin Boue).

    Pour revenir sur la question des dialogues, il y a peut être en effet un peu de laisser-aller. Mais je dois t'avouer que c'est dur à écrire des dialogues méchants quand on sait que... hum... enfin tu sais la suite quoi.

    Quant au fait de maltraitrer ses personnages c'est probablement en réaction à tous ces bouquins de fantasy où il n'arrive jamais rien au héros mais toujours tout aux autres. Il y a longtemps je me suis dis que c'était plus intéressant d'avoir une héroine qui a un caractère bien trempé, qui souffre mais qui survi plutôt qu'une des multiples héroines traditionnelles qui attendent gentiment que les choses se passent et qui du coup ne souffrent pas trop. (Un genre de qui ne tente rien n'a rien vaguement retourné). D'autant plus que j'ai toujours détesté les bouquins où l'on méprise l'héroine. Il n'y a rien de plus agaçant dans un livre que de lire un passage et de se dire "Mais qu'est ce qu'elle est débile!".

    Enfin voilà mon long message d'explication! Contente que ça t'ai plut (sauf pour les dialogues  )en tout cas!

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