• Chapitre 9:

    -Et comment veut-elle qu'on fasse exactement ? Explosa Boue une fois revenues dans leur chambre, On ne connaît rien ni personne ici !

    -J'imagine que c'est la raison pour laquelle elle nous a choisi, on ne risque pas d'avoir déjà formé une alliance.

    Elle s'assit sur son lit en soupirant :

    -Pourquoi tu ne lui as pas dit qui tu étais vraiment ?

    Boue haussa les épaules :

    -Si le chef ne lui a pas dit c'est pour une bonne raison. Et je n'ai pas particulièrement envie d'attirer son attention, crois moi. Elle me fait déjà bien assez peur comme ça.

    Luciole eut un petit rire :

    -Toi ? Peur d'elle ?

    Boue grogna et s'apprêta à ressortir.

    -Où tu vas? Fit Luciole.

    -Chercher mes vêtements et après en ville. Nous avons la journée pour nous et il est hors de question que je passe cinq minutes de plus dans cette robe.

     

    Elle sangla son sabre dans son dos et soupira d'aise. Ses vêtements étaient un peu raides et usés, mais bien plus pratiques que la robe. Luciole ne l'avait pas imité et portait encore les couleurs de l'Impératrice.

    -Tu ne viens pas ? Demanda Boue.

    -Je crois que je vais explorer un peu le palais. Il a l'air suffisamment grand pour que je m'y perde.

    Boue fronça les sourcils :

    -Fais attention à ne pas te frotter à trop de gens étranges.

    -Si tu parles du Prince, je ne vois pas pourquoi il viendrait me parler. Mais ne t'en fais pas, va t'amuser et on se retrouve plus tard. Si tu me trouves une chemise neuve je suis preneuse.

    Boue agita la main et sortit de leur petite chambre.

    Elle descendit le couloir des servantes d'un pas tranquille, saluant aimablement celles qui n'étaient pas encore descendues. Elle emprunta un escalier de service et après de nombreuses marches se retrouva dans le passage menant aux cuisines. Une bonne odeur de pain frais lui rappela qu'elle n'avait pas encore pris de petit déjeuner. Elle suivit son nez et se retrouva bientôt à l'entrée des cuisines les plus immenses qu'elle avait jamais vues. Elle fronça un instant les sourcils avant de secouer la tête et d'entrer. Il y avait un monde impressionnant. Servantes et marmitons se bousculaient dans tous les sens, criant et s'insultant sans jamais rien renverser. Une femme semblait régner sur tout ça. Assez mince elle respirait néanmoins une force que seules les femmes de sa position peuvent posséder. La cuisinière semblait voir tout, savoir tout. Elle remarqua Boue au moment où celle-ci posa le pied sur le pas de la porte et glissa rapidement jusqu'à elle.

    -Vous désirez ?

    -Euh... j'ai senti l'odeur du pain.

    La femme la regarda un instant, l'examinant de la tête au pied. Boue enfonça les mains dans les poches de son pantalon et carra les épaules, jetant un regard défiant à la femme.

    -Eclaireur. Vous ne devez rien connaître à la bonne chaire. Attendez un instant, quelqu'un va vous apporter à manger. La prochaine fois venez en même temps que tout le monde dans la salle.

    La femme se détourna sans un mot de plus et quelques secondes plus tard un jeune garçon apparut devant Boue, portant une tasse de lait fumante et une tranche de pain beurré, encore chaude du four.

    -Tenez. Vous pouvez aller vous installer là bas, fit il en montrant une table près de la cheminée.

    Deux gardes en armures y étaient installés, mangeant avec appétit ce qui semblait être un ragoût épais. Boue les rejoignit et ils la saluèrent d'un air surpris lorsqu'elle s'installa.

    -Vous n'êtes pas d'ici, fit l'un d'eux en enfournant une énorme cuillerée.

    C'était un jeune homme d'une vingtaine d'année, les cheveux bruns, les yeux sombres. Il avait cet air candide et suffisant des nouvelles recrues.

    Boue haussa les épaules en entamant sa tartine. Le deuxième garde sourit. Il avait la même allure mais quelque chose dans son regard le classait dans la catégorie des vétérans.

    -Tu as toujours la même amabilité.

    Boue tourna vivement le regard vers lui et eut un long moment avant de le reconnaître. Avalon. L'un des gardes devant la tente du général. Elle grogna :

    -J'aurais préféré ne pas être si mémorable.

    L'homme éclata presque de rire. Il se retint au dernier moment, figé par le regard noir de Boue. Il se contenta de secouer la tête avant de se remettre à manger. Le premier les regardait d'un air perplexe et vraisemblablement agacé de ne pas être mis au courant. Il finit par demander d'une voix un peu sèche :

    -Et vous êtes qui au juste ?

    Boue s'était détourné et lui jeta à peine un regard pour répondre d'une voix neutre :

    -Boue.

    L'autre attendit un instant qu'elle précise mais comme elle restait silencieuse il se tourna vers son compagnon :

    -Tu m'expliques ?

    L'autre avala sa cuillerée et soupira :

    -C'est une éclaireur. Elle était au siège d'Avalon avec sa compagnie.

    L'autre la regarda d'un air perplexe. Vexée, Boue eut un grognement mauvais. Elle avala d'un trait son lait et quitta la table sans un mot. Elle alla déposer sa chope sur la pile de vaisselle sale et, après avoir remercié la cuisinière, sortit.

    Le soldat d'Avalon la rattrapa dans la cour.

    -Attend !

    Elle se retourna et le regarda d'un air surpris :

    -Qu'est ce qu'il y a?

    -Je ne me suis jamais présenté : je suis le sergent Kymé.

    -Sergent ?

    -Promu après la bataille.

    Elle hocha la tête et serra la main qu'il lui tendait.

    -Tu allais quelque part ?

    -En ville. J'ai des choses à récupérer.

    -Je peux t'accompagner ? Je ne suis pas de service ce matin.

    Elle eut une moue qui semblait signifier son accord. Ou quelle s'en moquait.

    Elle jeta un coup d'oeil derrière elle. Le deuxième garde les regardait depuis les marches de la cuisine.

    -Tu le laisses tout seul ?

    Il soupira :

    -C'est mon cousin. Il vient d'entrer dans la garde et je suis censé le surveiller. Il a tendance à faire des bêtises. Ça t'embête s'il vient avec nous ? Il ne connaît personne encore.

    Boue hésita un instant puis haussa les épaules :

    -Fais comme tu veux.

    Kymé eut un sourire qui éclaira son visage et retourna vers les cuisines. Boue le suivit un instant du regard, le visage impassible, avant de se détourner pour se concentrer sur les remparts.

    Kymé et son cousin revinrent bientôt. Boue regarda le cousin une seconde mais comme il ne disait rien elle pivota vers la sortie.

    -On y va ?

    Ils traversèrent la cour d'un pas rapide et se dirigèrent vers la ville.

    -Tu disais aller où, déjà ?

    -Je ne l'ai pas dit. Je dois aller au relais d'abord.

    Kymé hocha la tête mais Klaus ne sembla pas comprendre. Boue soupira d'impatience avant d'expliquer :

    -Le relais des éclaireurs.

    -Qu'est ce que c'est ?

    Elle le regarda d'un air franchement surpris et Kymé grimaça. Klaus se renfrogna :

    -La ferme de mes parents est loin de tout et je n'avais jamais voyagé avant de venir ici.

    -Et tu n'as jamais entendu parlé des relais pendant ton voyage ? Etonnant.

    Il haussa les épaules et Kymé lança un regard amusé à Boue. Elle l'ignora mais se mit néanmoins à expliquer d'un ton indifférent.

    -Les Eclaireurs forment un corps très mobile dans l'armée Impériale. Nous ne sommes que rarement cantonné à un seul endroit et il est très rare que nous nous déplacions en compagnies complètes. La plupart du temps nous sommes divisés en petites équipes de deux et allons là où l'on a besoin de nous. Le camp de base est situé sur Ile, pas très loin d'ici. Les relais ont été créés pour faciliter notre circulation. On y trouve toutes les choses utiles à nos missions. Il y a toujours du monde dans un relais.

    -Et les relais ne sont jamais attaqué ? Il y a pourtant beaucoup de brigands sur les routes non ? Des groupes énormes parfois à ce que j'ai entendu.

    Boue lui jeta un regard franchement méprisant et ne répondit pas. Klaus eut la bonne grâce de rougir.

    -Est ce que tu vas venir t'entraîner avec nous ? Demanda Kymé pour changer la conversation. On aurait bien besoin d'un peu de nouveauté. Surtout maintenant que le Prince nous fait grâce de sa présence...

    -On verra, éluda-t-elle.

    Une douleur lui fit porter la main à son ventre et elle s'empêcha de grimacer et de ralentir. Ils ne semblèrent rien remarquer et Klaus indiqua une rue de la main :

    -Si on va par là on tombera sur le port. Est ce qu'on pourra entrer dans le relais ?

     

     

    Ce fut Kymé qui les guida jusqu'au relais. Il se situait au fond d'une impasse aux murs aveugles et aux portes basses dans le troisième cercle de la ville. La ville était formée de quatre cercles chacun entouré d'une épaisse muraille percée de deux portes. Le plus au centre était celui du palais et tout le monde n'y avait pas accès. Le second renfermait les maisons de villes des nobles ainsi que les guildes les plus riches et le trésor royal. Le troisième était celui du port et des commerces ainsi que de la plupart des guildes. La population du troisième était de manière générale assez aisé mais tous ceux qui travaillait dans le troisième cercle n'y habitaient pas forcément. Le quatrième était les faubourgs qui ne répondaient à aucune règle d'habitation particulière si ce n'était que les plus pauvres y habitaient, ainsi que ceux qui préféraient rester loin des routes principales. Il était formellement interdit de construire au delà des murailles.

     

    Boue eut un sourire devant l'air impressionné de Klaus. Il avait beau avoir le même âge qu'elle il avait vraiment l'air d'un gamin. Ils s'arrêtèrent devant une porte d'aspect banal dont seule la poignée en tête de loup indiquait son appartenance.

    Boue frappa et après un moment la porte s'ouvrit :

    Un homme se découpa dans l'embrasure. Il était immense et vêtu du noir des éclaireurs il était assez effrayant. Son crâne était rasé et tatoué et une longue moustache poivre et sel recouvrait sa lèvre.

    -C'est pourquoi ?

    -Boue Finylt, dixième.

    L'homme l'étudia un instant, son regard s'attardant sur la poignée de son épée qui dépassait de son dos et sur la cicatrice encore visible sur son visage.

    -Pol m'avait dit que tu devais arriver. Et eux ?

    -Des gardes du palais.

    Il leur jeta un dernier coup d'oeil avant de dire :

    -Entre. Ils restent dehors.

    Elle se tourna vers ses compagnons qui semblaient déçus :

    -Je vous retrouve plus tard.

    -On sera au Loup de Bois.

    Elle hocha la tête et entra, refermant la porte derrière elle.

    -Je suis Hugh, fit-il en refermant la porte. Il n'y a pas beaucoup de monde de levé pour le moment alors on devrait être tranquille.

    Boue hocha la tête et lança un coup d'oeil à son environnement. L'intérieur ressemblait à celui de tous les autres relais. Sombre mais propre et ordonné, une grande table pour le moment inoccupée en occupait le centre et une cheminée allumée enfumait l'endroit. Boue sourit. Elle adorait les relais.

    -Pol est ici ?

    -Il est repartit tôt ce matin. Des petites choses à régler. Il m'avait dit que tu devais venir à Atlantide mais il ne m'a pas dit pourquoi.

    Boue grogna:

    -Je suis au service de l'Impératrice avec une autre éclaireur de ma compagnie.

    Il eut l'air étonné :

    -Ah oui ?

    Boue secoua la tête d'un air sombre et il n'insista pas.

    -Est ce qu'il y a des uniformes ici ?

    -On en a reçu des neufs récemment. C'est vrai que le tient est dans un sale état.

    -Ile n'avait plus rien à ma taille.

    -Viens allons voir.

    Ils quittèrent la salle principale en empruntant un long couloir sombre bordé de portes.

    -Des réserves, la salle des cartes, la salle de bain, indiqua Hugh au fur et à mesure. On a même l'eau chaude ici.

    Boue poussa une exclamation ravie :

    -Vraiment ?

    -Elle y est au palais aussi tu sais.

    -Je ne pensais pas qu'un relais y avait droit.

    -Bienvenue à Atlantide.

    Ils s'arrêtèrent devant la dernière porte et Hugh entra. Une petite pièces pleine d'étagères recouvertes de vêtements et de tabards.

    -Tu n'as pas ton tabard, remarqua Hugh.

    Boue secoua la tête.

    -Tu en veux un neuf ?

    -ça ira. Je ne le mets pas souvent.

    Il hocha la tête :

    -Bon je te laisse choisir et essayer. Tu sais comment ça fonctionne.

    Il la laissa et elle entreprit de fouiller dans les étagères pour trouver une chemise et un pantalon à sa taille. Elle aurait aimé une paire de bottes neuves également mais il ne semblait pas y en avoir ici.

     

    Elle retourna dans la salle quelques minutes après, vêtue de neuf avec un sac en toile sur l'épaule.

    -J'ai pris un change pour Luciole, l'autre éclaireur.

    Hugh hocha la tête. Il était assis à l'extrémité d'une table, le visage tourné vers la cheminée, sirotant une bière. Boue se dirigea vers un placard et après avoir fouillé quelques instant revint avec une écuelle qu'elle alla remplir d'un ragoût qui mijotait près du feu. Elle s'assit et mangea en silence les yeux dans le vague. Ils n'ajoutèrent rien et quand Boue eut terminé son assiette elle se leva, alla la nettoyer et la rangea.

    -J'y vais, fit elle en e dirigeant vers la porte, merci pour les uniformes.

    Hugh sembla se réveiller et lança :

    -Je dirais à Pol que tu es passée. Tu restes combien de temps ?

    -Probablement jusqu'au printemps.

    -Bon courage. Atlantide en hiver, c'est déprimant.

     

    Elle quitta l'impasse mais au lieu de prendre la direction du port elle s'enfonça dans les ruelles étroites qui menaient vers la ville basse. Elle marcha un long moment entre les maisons cossues de la deuxième enceinte, enregistrant inconsciemment toutes les impasses, les rues plus larges que d'autres, les placettes. Elle arriva bientôt devant la porte qu'elle avait empruntée à son arrivée. Elle était ouverte et traversée d'un flot continu de marchands en tous genres. Elle prit place dans la queue des piétons et se retrouva bientôt de l'autre côté.

    Les premières rues ne semblaient pas très différentes de ce qu'elle avait vu dans la troisième enceinte, mais dès qu'elle quitta la voie principale elle découvrit un tout autre aspect de la ville. Les maisons étaient basses, aveugles, collées les unes aux autres. Les cours fleuries avaient disparues remplacées par des carrés de terre battue, parfois plantés de quelques légumes et herbes folles. Boue déambula un instant, hésitante sur la route à suivre. Elle n'était pas certaine de l'aspect de ce qu'elle cherchait. La rue dans laquelle elle était n'était pas très fréquentée et elle finit par retourner sur une rue un peu plus commerçante. Elle descendit la rue pavée, évitant les chariots et les marchands ambulants et s'arrêta devant une petite boutique d'aspect pauvre mais propret. Il n'y avait pas d'ouverture sur la rue, mais la porte assez large était ouverte. Sur un panneau suspendu au dessus une fleur était représentée en couleurs vives.

    Boue entra et ses yeux eurent un léger temps avant de s'adapter au peu de lumière de l'endroit uniquement éclairé par une cheminée allumée et une seconde porte, ouverte sur une courette dans laquelle des plantes en pots étaient posées. L'intérieur de la boutique était assez petit, d'autant plus réduit par les étagères et meubles à tiroirs recouverts de jarres en tous genres et disposés le long des murs. Boue s'avança vers le comptoir au fond de la pièce et fit retentir la clochette posée dessus.

    Une femme apparut presque immédiatement dans l'encadrement de la porte du fond. Elle portait une robe grise recouverte d'un tablier qui avait dut être blanc, et ses cheveux châtains grisonnant étaient remontés en un chignon duquel s'échappait quelques mèches rebelles. Elle sourit à Boue en essuyant ses mains pleines de terre.

    -Bonjour ! Excusez ma tenue, je m'occupais de mes plantes. C'est incroyable la difficulté que l'on peut avoir à faire pousser quelque chose dans cette ville. Que puis-je faire pour vous ?

    -On m'a dit que je pourrais trouver de l'élixir de Fleur du Désert ici.

    Boue commençait à transpirer. Sa petite marche l'avait fatiguée et son ventre la lançait. Elle n'avait rien prit depuis son départ d'Ile. Le doc l'avait prévenu qu'elle ne tiendrait pas. Elle aurait du l'écouter. La femme haussa un sourcil en répondant :

    -Je vais vous en chercher, ne bougez pas.

    Elle disparut derrière un rideau de toile rouge épaisse, situé dans un coin de la pièce. Boue ferma un instant les yeux. Elle les rouvrit brusquement en entendant la femme revenir.

    -Voilà, fit elle en posant une petite fiole sur le comptoir. Pas plus de deux goûtes à chaque fois et pas plus de trois fois par jour. Vous êtes sure d'avoir besoin de quelque chose d'aussi fort ? J'ai de très bons remèdes ici qui sont beaucoup moins dangereux et moins chers vous savez.

    Boue secoua la tête :

    -Je suis sure.

    La femme ne semblait pas vouloir lâcher la petite bouteille :

    -J'espère que vous ne voulez pas vous en servir à mal, fit elle d'un ton suspicieux, parce que vous avez une allure quelque peu menaçante.

    Boue leva les yeux au ciel :

    -Non madame, je n'ai pas l'intention de m'en servir à mal.

    Mais la femme ne semblait toujours pas convaincue. Boue grogna et délaça sa veste de cuir. La femme et regardait d'un air un peu surpris quand, d'un coup sec, Boue souleva sa chemise.

    La guérisseuse baissa les yeux, ses sourcils se haussant très hauts derrière ses mèches folles.

    -Je vois.

    Elle lâcha la bouteille et releva les yeux :

    -Est ce si grave que ça en à l'air ?

    Boue se rhabilla :

    -ça l'était. C'est mieux.

    -Si jamais il vous faut autre chose n'hésitez pas à revenir. Surtout faîtes attention à ne pas trop prendre de ça, ajouta-t-elle en tapotant la fiole, même si vous souffrez. Ça pourrait faire plus de mal que de bien.

    -J'y penserai. C'est combien ?

    La femme consulta un petit carnet qu'elle tira de sous le comptoir avant de répondre :

    -Trois pièces d'or.

    Boue grimaça mais décoinça la pochette dissimulée dans sa ceinture et compta les pièces qu'elle déposa sur le bois. La femme la regarda d'un air songeur :

    -Je ne devrais pas m'en préoccuper puisque vous me payez, mais vous savez qu'ils en ont au palais ? Vous logez au palais n'est ce pas ? Vous auriez probablement pu en avoir gratuitement là-bas.

    -Je sais.

    La femme attendit qu'elle poursuive mais comprenant que Boue n'ajouterait rien elle finit par prendre les pièces et les ranger.

    -Surtout n'attendez pas d'être mal avant de revenir. Au moindre problème vous venez me voir. J'habite au dessus. Ne soyez pas aussi stupide que les autres soldats.

    Boue la regarda, étonnée de sa sollicitude. La femme avait l'air vraiment inquiète. Boue sourit gentiment :

    -Je le ferais. Merci de votre aide.

    La femme hocha la tête et regarda Boue sortir en secouant la tête. Elle ne comprendrait jamais les éclaireurs.

     

    Boue ne rejoignit pas les deux gardes immédiatement. Elle erra un moment dans les bas quartiers, étudiant les enseignes et les habitants. Elle finit par entrer dans une auberge minuscule et sombre. Elle se sourit à elle même en se disant que c'était le seul endroit où sa tenue ne semblerait pas étrange.

    Les quelques personnes qui se trouvaient dans la salle portaient des tenues de routes sombres et pratiques. Des armes dépassaient de leurs ceintures ou étaient posées sur les chaises, et les conversations se faisaient à voix basse. Boue n'hésita pas en entrant et se dirigea vers le comptoir où l'aubergiste la dévisagea d'un oeil suspicieux.

    -Une bière, fit elle tranquille.

    L'homme attrapa une chope en étain qu'il remplit à un tonneau posé derrière lui avant de la poser sur le comptoir. Boue tira une pièce de cuivre de sa ceinture et la posa sur le bois. Elle prit sa bière et se dirigea vers une table près du mur. Elle s'assit face à la salle et se mit à siroter tranquillement sa boisson, les yeux dans le vague. Les autres consommateurs ne mirent pas longtemps à accepter sa présence et le bourdonnement de conversations à voix basses reprit bientôt.

    Boue ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait ici. Elle n'avait même pas prévu d'y entrer avant de se retrouver dedans. Elle observa les autres buveurs. Trois hommes étaient assis à une table de l'autre côté de la petite pièce. Des sacs de voyages étaient posés à leurs pieds et des épées étaient appuyées contre la table. Leurs vêtements étaient sales mais solides et confortables. Ils ne semblaient pas se préoccuper de leur environnement et Boue les rangea dans la catégorie des mercenaires. Une femme et un homme étaient assis près de la porte. Ils ne parlaient pas et ne touchaient pas aux chopes posées devant eux, se contentant d'observer la salle d'un regard nerveux. Ils étaient assez jeunes et malgré leur apparente saleté semblaient trop bien portant pour être des soldats. Probablement des fuyards. Un couple peut être.

    Boue se redressa en grimaçant et sortit la petite fiole de sa bourse. Elle versa deux goûtes du liquide bleuté dans sa bière et la rangea prestement, vérifiant du coin de l'oeil que personne ne surveillait son petit manège. L'aubergiste la regardait d'un œil méfiant mais elle savait qu'il ne dirait rien. C'était mauvais pour les affaires de se mêler de ce qui ne le regardait pas. Elle avala d'un trait la fin de sa chope et pinça les lèvres pour s'empêcher de régurgiter le tout. L'essence avait un goût horrible. Un mélange d'herbe moisie et de corps en décomposition. Elle s'apprêtait à aller faire remplir sa chope quand la porte d'entrée s'ouvrit à nouveau. Elle lança un regard distrait vers le nouvel arrivant et se figea.

    Rif s'immobilisa sur le pas de la porte, semblant prendre le temps d'habituer ses yeux à la lumière avant d'entrer, le battant se refermant derrière lui.

    Boue était restée assise, incapable de décider si elle devait le reconnaître ou l'ignorer. Elle ne l'avait jamais vu dans un endroit publique avant. Elle ne put s'empêcher de remarquer qu'il avait l'air en pleine forme. Ses vêtements de voyages étaient sales mais presque neufs, et malgré la boue sur sa cape on pouvait encore apercevoir le riche bleu du tissus.

    Boue s'était résolu à ne pas bouger et elle détourna le regard, essayant d'imaginer un plan pour sortir sans qu'il ne la remarque. Mais quand il s'arrêta juste devant sa table elle fut bien obligée de lever les yeux.

    Il la regardait d'un air curieux, la tête légèrement penchée sur le côté, semblant attendre une explication.

    -Je ne m'attendais pas à te croiser ici, fit il en haussant les sourcils.

    Il ne souriait pas pour une fois et Boue se sentit mal à l'aise, comme si elle était prise dans un lieu où elle n'était pas censée être.

    -Je ne m'attendais pas à te croiser non plus.

    Il souffla d'un air amusé et s'assit, croisant ses longues jambes avec un air détendu. Boue le regarda, s'efforçant de ne pas détailler ses larges épaules, ou son torse musclé sous sa chemise sombre, ou son ventre plat ou...

    Elle pinça les lèvres et s'adossa à sa chaise. Il eut l'air surpris:

    -Tu sembles en colère. J'ai fait quelque chose de mal ?

    -Qu'est ce que tu fiches à Atlantide ?

    -Je dois rencontrer des gens.

    Elle haussa les sourcils en une question muette.

    -Non, tu ne sauras pas qui ils sont.

    -Tu t'es déjà penché sur le fait que tu connais presque tout de ma vie et moi rien de la tienne ? C'est assez injuste comme procédé.

    Il grogna et ferma les yeux un instant, croisant les bras derrière sa tête. Il les rouvrit en soupirant :

    -C'est pour un boulot. Je rencontre des gens pour un travail que je dois effectuer et ils doivent m'en donner les détails. Tu n'en sauras pas plus sur ce sujet.

    -Où est ce que tu vas entre les moments où tu viens prendre des nouvelles de ma santé ?

    Il leva les yeux au ciel :

    -Tu veux vraiment entamer cette conversation maintenant ?

    -Tu vois un meilleur moment ? Je ne suis ni blessée ni sur le point de l'être et tu es là, apparemment sans obligations urgentes puisque tu as pris le temps de venir discuter avec moi.

    -Je vais un peu partout. Là où je peux trouver des choses à faire.

    -Quel genre de choses ?

    Il la regarda d'un air amusé et elle grogna en détournant le yeux:

    -Ce genre de chose.

    Elle observa un instant le couple qui les regardait d'un œil apeuré.

    -C'est pour ça que tu es là ?

    -Tu veux vraiment savoir ?

    Elle allait répondre quand deux hommes entrèrent dans la salle. Ils regardèrent dans leur direction et parlèrent à voix basse, immobile sur le seuil.

    -Je crois que c'est pour toi, fit Boue en les indiquant de la tête.

    Rif se retourna et examina les deux hommes.

    -Oui, je crois aussi.

    Boue se leva en soupirant:

    -Je m'en allais de toute façon. Tu reste longtemps ici ?

    -Je te trouverais avant de partir.

    Elle hocha la tête et s'en alla, jetant un coup d'oeil aux deux hommes lorsqu'elle les dépassa. Ils la dévisagèrent de haut en bas avant de rejoindre la table qu'elle venait de quitter. La porte se referma avant qu'elle n'eut pu voir la suite.

     

    Elle quitta les bas quartiers d'un pas tranquille et rejoignit bientôt le port. Elle tourna un moment avant de retrouver l'auberge que Kymé et son cousin lui avait indiqué. La mi-journée approchait et elle avait de nouveau faim. La douleur de son ventre s'était calmée et avait presque disparu. Le ciel s'était légèrement couvert et un crachin commençait à tomber.

    L'auberge avait meilleure allure que celle qu'elle venait de quitter. Une large verrière faite de petits carreaux d'une couleur vert bouteille maintenus ensemble par un quadrillage de plomb s'ouvrait à gauche de la porte. Un enseigne peinte de couleurs vives était suspendue au dessus et un nuage de fumée s'échappait à chaque fois que la porte s'ouvrait.

    Boue entra et chercha ses compagnons du regard. Ils étaient installés près d'un mur en compagnie de deux autres hommes que Boue ne reconnu pas tout de suite. Elle fronça les sourcils. Kymé semblait à l'aise, mais son cousin ne cessait de s'agiter nerveusement sur sa chaise. Ce fut lui qui l'aperçut en premier et il eut l'air soulagé de la voir arriver. Elle s'approcha de la table et regretta instantanément sa décision. Les deux inconnus ne l'étaient pas tant que ça. L'un d'eux était le général Flinn dont elle avait cassé le nez, quelques semaines plus tôt, au pied des murailles d'Avalon. L'autre était le médecin qui l'avait soignée sur place. Ce dernier hocha la tête en la reconnaissant, sans s'attarder sur la blessure de son visage qui ressortait encore légèrement sur sa peau pâle. En revanche le général poussa une exclamation de surprise en la voyant :

    -Soldat Finylt ! Vous avez une mine affreuse ! J'avais entendu parler de vos blessures mais je ne m'attendais pas à cela !

    Boue s'assit sur une chaise libre et le dévisagea d'un air peu amène.

    -Merci de votre délicatesse général, ça fait toujours plaisir de se sentir admirée.

    L'homme éclata de rire, pas désolé le moins du monde. Les trois autres semblaient un peu mal à l'aise.

    -Ne vous en faite pas, même cette cicatrice ne gâche pas vos jolis yeux.

    Boue eut un sourire, vaguement gênée et changea le sujet.

    -Comment va votre nez ? Il n'a pas l'air d'avoir gardé une marque.

    -Notre bon médecin ici présent est très doué dans ce domaine. Néanmoins il est resté légèrement tordu. Dommage pour ma vanité.

    Le médecin grimaça et secoua la tête :

    -ça se voit à peine, arrête de te plaindre.

    Kymé eut un sourire, habitués aux échanges entre les deux hommes, mais Klaus se tortillait toujours sur sa chaise. Boue se demanda un instant si elle devait l'inclure dans la conversation avant d'abandonner. Elle n'était pas sa mère.

    -Qu'est ce que vous faites à Atlantide ? Demanda Boue en s'installant plus confortablement.

    -Avalon est tombée alors on est rentré au bercail en attendant de nouveaux ordres. Le Duc et l'Impératrice sont en pleine discussion en ce moment pour savoir où nous envoyer en premier.

    -Le Duc De Guerre, fit Kymé en voyant l'expression perdue de son cousin, le Commandant suprême des armées. Chaque armée est composées de plusieurs unités chacune dirigée par un capitaine secondé de sergents. Chaque corps d'armée est dirigé par un Commandant qui lui est soumis au Général, qui dirige l'armée dans son ensemble. Il y a actuellement quatre armées complètes dans l'Empire qui sont toutes sous les ordres du Duc qui lui même siège au conseil impérial.

    -De quelle armée dépendent les éclaireurs ? Fit Klaus en se tournant vers Boue.

    -D'aucune en particulier. Nous formons un corps indépendant ne rendant des comptes qu'à l'Impératrice et au Prince Consort.

    -Le Prince aussi ? Dit Flinn d'un air étonné.

    Boue hocha la tête :

    -Il n'a pas vraiment d'autorité en la matière, puisqu'il est soumis à l'Impératrice, mais dans le cas où elle serait... indisponible, il a autorité directe sur nous.

    -Pas sur toutes les armées ?

    Elle secoua la tête :

    -Le reste dépendrait du conseil. Le Prince fait partie du conseil mais n'a qu'une position de conseillé, rien de plus.

    -Et si l'Impératrice, les Dieux la protège, fit le médecin, venait à mourir sans héritier ? Elle n'a pas d'héritier pour le moment n'est ce pas ?

    -Alors le Prince deviendrait régent jusqu'à la désignation d'un héritier.

    -Comment tu sais tout ça ? Demanda Kymé d'un air impressionné.

    -J'ai potassé pendant ma convalescence.

    Ils eurent un sourire et le général demanda :

    -En parlant de convalescence, quand viens-tu t'entraîner avec nous ?

    Le médecin haussa les sourcils en regardant Boue. Il était probablement le seul du groupe à avoir pleinement conscience de la gravité de ce qu'elle avait subit.

    -Pas tout de suite, fit Boue d'un ton détaché, j'ai pas mal de choses à régler pour le moment.

    Les autres eurent l'air déçu et le médecin la regarda d'un œil critique. Elle l'ignora et se leva pour aller se chercher à boire. Il y avait du monde au comptoir et elle s'accouda pour attendre. Elle regrettait d'avoir accepté la compagnie des soldats. Elle n'avait pas envie de se rappeler à quel point elle était passée près de la mort. Et ce qu'elle lui avait arraché.

    Sa bière n'arrivait toujours pas. Elle eut un grognement et abattit brutalement son poing sur le bois :

    -Patron ! Vous attendez le déluge ?

    L'homme à la stature de barrique eut une grimace de colère en entendant cette voix féminine oser réclamer dans son établissement. Il se retourna avec l'intention de la remettre à sa place. Il croisa le regard mauvais de Boue. La bouche de la jeune femme formait un pli agacé et son regard le défiait de répondre. Elle n'avait qu'une envie, c'était de briser la mâchoire de quelqu'un et elle était persuadée que celle d'un vulgaire aubergiste ferait l'affaire. L'homme était plus sage qu'il n'y paraissait. Son visage était toujours froissé de colère quand il posa la chope devant elle, mais c'était plus pour la forme. Boue posa sa pièce de cuivre sur le comptoir d'un geste sec et s'en alla sans un autre mot. Elle rejoignit sa table et s'assit sous le regard intrigué de Klaus :

    -Pourquoi vous faites cette tête là ? Demanda-t-il.

    -Mêle toi de ce qui te regarde, répondit-elle sèchement.

    Il se renfonça dans sa chaise d'un air renfrogné. Flinn regarda Boue avec un grand sourire :

    -Ah ! Fit il d'un ton enjoué, Enfin te voilà de retour. Je me demandais quand ton mauvais caractère réapparaitrait.

    -Ta gueule.

     

     

    Quand Boue retourna au palais elle se trompa d'escalier et se perdit dans un dédale de couloirs inconnus. Elle tourna longtemps avant de se perdre complètement et finit par se retrouver devant une double porte, ouverte sur ce qui semblait être une immense bibliothèque poussiéreuse. Sa curiosité l'emporta sur son inconfort et elle entra. Un homme était assis à un bureau près de l'entrée. Il eut l'air surpris de voir du monde.

    -Mademoiselle ? Vous désirez quelque chose ?

    -Oh... euh... pas vraiment.

    Il eut un sourire devant sa gêne.

    -Vous vous êtes perdue j'imagine. Vous êtes nouvelle au palais ?

    -Oui, je suis arrivée hier soir. C'est la bibliothèque officielle ? Je l'imaginais plus...
    -Propre ? Impressionnante ? Ne vous en faites pas, moi aussi. Et puis on s'habitue. Vous lisez ?

    -Un peu. Je n'en ai jamais vraiment eut l'occasion. Il n'y avait pas beaucoup de temps pour ça sur Ile.

    -Oh.

    En bon bibliothécaire il savait tout ce qu'il y avait à savoir sur l'Empire.
    -Milles excuses. J'aurais du...

    -Ne vous en faites pas. Vous êtes le premier à ne pas me dévisager grossièrement, c'est reposant.

    Elle voulut s'étirer mais un pic de douleur la fit se plier en deux et elle sut s'appuyer sur un mur, soufflant bruyamment.

    -ça va aller ? Fit l'homme d'un air inquiet.

    Il était sortit de derrière son bureau. Il était vêtu d'une grande robe sombre et malgré ses cheveux gris il ne semblait pas très vieux. Il était assez grand et maigre mais lorsque Boue s'appuya sur le bras qu'il lui tendait il ne flancha pas.

    Il la fit s'asseoir un peu plus loin, sur une chaise capitonnée.

    -Blessure de guerre ? Demanda-t-il.

    -Oui.

    Boue avait toujours une main posée sur son ventre mais son souffle s'était calmé.

    -Merci, fit elle.

    L'homme sourit gentiment :

    -Oh je m'en voudrais de laisser souffrir l'un de mes rares visiteurs.

    L'homme avait l'air sympathique et Boue lui sourit en retour. Il prit une chaise et s'installa en face d'elle.

    -Je suis Elion, bibliothécaire royal.

    -Boue, Eclaireur.

    Ils se sourirent puis Elion demanda :

    -Alors dites-moi. Qu'aimez vous lire ?

    -Je dois avouer que je ne sais pas. J'ai surtout lu des récits de batailles et des rapports militaires jusqu'ici. Il n'y avait pas grand chose d'autre au camp. Mais je me rappelle un livre de contes que mon... que l'on me lisait quand j'étais petite.

    Elle ne comprit pas sa propre répugnance à parler de son enfance.

    -Hum, il faut donc commencer du début... voyons voir...

    Il se leva en marmonnant et se dirigea vers une étagère au fond de la salle. Il disparut derrière, laissant à Boue tout le loisir d'examiner l'endroit. La pièce était immense et haute de plafond. De grandes fenêtres sales l'éclairaient d'une lumière blafarde et l'air était froid. Des dizaines d'étagères étaient installées sans ordre apparent, créant un labyrinthe de livres. Boue se leva pour aller examiner les titres de l'étagère la plus proche. Elle sentit plus qu'elle n'entendit l'homme s'approcher derrière elle. Elle se retourna.

    -Oh ! Fit elle surprise, Votre majesté.

    Elle s'inclina maladroitement. Il eut un petit rire qui la fit frissonner.

    -Ne faites pas tant cas du protocole ici, fit il de sa belle voix grave, après tout personne ne nous regarde.

    Elle haussa un sourcils. Il sembla suivre sa pensée car il rit à nouveau.

    -Ah, vous êtes trop méfiante, mademoiselle.

    -Votre réputation vous précède.

    Celle d'un très très séduisant séducteur.

    -Et qu'en pensez vous ?

    Elle eut un demi sourire :

    -Pour l'instant elle me semble plausible.

    Ils furent interrompus par le bibliothécaire qui revenait.

    -Oh ! Votre majesté, je ne vous avais pas entendu arriver. Comment allez-vous aujourd'hui ?

    -Plutôt bien. D'autant que je viens de rencontrer une autre prise à conquérir.

    -J'ose espérer que vous ne parlez pas de mademoiselle ainsi en sa présence.

    -Je n'oserais pas, fit le Prince en s'inclinant légèrement devant Boue, je parlais de la jeune femme qui l'a accompagnée ici.

    Boue eut un grognement peu féminin qui lui valut les regards des deux hommes. L'un surpris, l'autre amusé.

    -J'espère qu'elle sait dans quoi elle tombe.

    -Très bien je le crois. Je doute d'ailleurs que la conquête soit compliquée.

    Boue n'en doutait pas. Luciole n'attendait probablement que ça.

    Elle soupira et haussa les épaules. Un serviteur s'annonça à l'entrée de la bibliothèque et l'homme en robe grise s'excusa, laissant les deux autres seuls, au grand dam de Boue qui se sentait un peu trop sensible au charme du prince.

    -Alors ? Que venez-vous faire dans cette belle bibliothèque ?

    -Je me suis perdue en tentant de retrouver ma chambre.

    Le prince sourit de plus belle.

    -Alors je suis content que ce palais soit un vrai labyrinthe cela m'aura permis de vous revoir plus rapidement que prévu.

    Boue ne répondit pas, tentant de trouver un moyen poli de s'enfuir. Elle se détourna légèrement, faisant mine de regarder les livres de l'étagère. Elle sentit le souffle du prince sur sa nuque quand il se pencha :

    -Je ne savais pas que vous lisiez le Lishâ.

    Elle jura intérieurement.

    -Je ne le lis pas. Je tentais de trouver un livre pour commencer mais il faut croire que je suis tombée sur la mauvaise étagère.
    Elle fit un pas sur le côté, évitant de toucher le Prince et s'enfuit sans un mot de plus.

    Elle retrouva sans grande peine le chemin de sa chambre et s'enferma à l'intérieur. Elle s'adossa au battant, respirant profondément. Cet homme avait quelque chose de terrifiant quand il s'y mettait.

    « Rif selon SebyLe beaujolais nouveau est arrivé! »

  • Commentaires

    1
    Lundi 10 Février 2014 à 16:01

    Alors en deux mots : j'adore !

    Un joli chapitre qui nous permet d'en apprendre davantage sur les personnages. J'aime beaucoup cet épisode qui donne plus de crédibilité à cette blessure. Je retrouve Boue comme je l'aime, caractérielle et pourtant attachante, parce qu'en fin de compte, elle souffre seule et en silence de bien des manières. Quelques passages qui m'ont bien fait rire aussi.

    « Boue se demanda un instant si elle devait l'inclure dans la conversation avant d'abandonner. Elle n'était pas sa mère. ». Et vlan ! Des dialogues toujours aussi percutants, notamment ce « Ta gueule. » tellement naturel en réponse à Flinn. J'aime assez le fait que ses compagnons d'arme l'apprécient malgré ce caractère de cochon d'ailleurs, comme si c'était ce qui faisait son charme.

    Bref, un beau chapitre. La description de la bibliothèque est très sympa aussi, j'aime beaucoup l'ambiance. Même chose pour la première auberge et l'herboristerie. C'est bien joué. Personnellement j'ai l'impression que tu t'es vraiment amusée sur ce chapitre. Le vocabulaire et le style sont plus fouillés, on sent que ce n'est pas du « réchauffé » du à la relecture/correction. Vraiment j'aime.

    2
    Lundi 10 Février 2014 à 16:31

    ouah! Je suis contente que ça te plaise! Si tu savais combien j'ai eu du mal à les écrire ceux là...

    J'ai effectivement essayé de faire vivre un peu les personnages secondaires qu'on ne voyait pas suffisemment avant et même ceux qu'on ne voit qu'une fois. De même je me suis mise aux descriptions. C'est dur mais je m'accroche (enfin m'accrochais ça fait un moment que j'ai écris tout ça). En tout casmerci d'être venue les lire!

    3
    Lundi 10 Février 2014 à 17:07

    Oh mais merci à toi de les avoir écrit ! C'est toujours un plaisir, j'aime bien ton style et ce que tu raconte :)

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :